1 - L'environnement initial
Les théoriciens
C'est dans un rapport d'étude théorique publié
en 1929 par l'ingénieur autrichien Hermann Noordung que semblent
avoir été décrites pour la première fois les
propriétés de l'orbite géostationnaire. L'auteur conclut
que si un satellite était placé sur une orbite circulaire
équatoriale à 36 000 kilomètres d'altitude où
sa période orbitale serait de 24 heures, il apparaîtrait stationnaire
par rapport à la Terre, «comme s'il était soutenu
par une tour géante». Il s'agit alors d'une étude
de mécanique céleste et il n'y est pas encore question de
télécommunications.
D'après
Harold Rosen, qui fut le promoteur des satellites de télécommunications
géostationnaires chez Hughes Aircraft, c'est le savant et écrivain
anglais Arthur C. Clarke qui, en 1945, montre comment des équipements
radioélectriques placés sur une orbite géostationnaire
pourraient permettre une couverture radio globale. Il reconnaît non
seulement la possibilité des télécommunications par
satellites mais aussi leur importance pour le monde, et il propose que
l'on développe un tel système.
Enfin, dans une communication publiée en 1955, le savant et ingénieur
américain J.R. Pierce décrit des systèmes de télécommunications
à longue distance utilisant des relais radio de divers types placés
en orbite à différentes altitudes. Dans sa conclusion, il
demande que «les astronomes veuillent bien donner des informations
sur les orbites et les spécialistes de fusées des informations
sur les moyens de construire des satellites et de les mettre en orbite».
Deux ans plus tard, ce sont les Russes qui montrent que l'on peut effectivement
mettre un satellite en orbite et, dès lors, on assiste à
divers essais de liaisons radioélectriques utilisant des relais
placés en orbite.
Les premiers essais
Les informations qui suivent sont extraites d'un article publié
en 1964 par Jacques Chaumeron dans La Revue française d'astronautique.
Les premiers à tenter des expérimentations de relais radioélectriques
placés en orbite sont les militaires américains. Le satellite
SCORE
(Signal Communication by Orbiting Relay Experiment), lancé le 18
décembre 1958 par l'armée américaine, représente
le premier essai de télécommunications relayées par
un satellite actif. Le satellite est, en fait, une fusée Atlas
placée sur une orbite de périgée 185 km, d'apogée
1 470 km, inclinée à 30° sur l'Équateur. Le répéteur,
qui reçoit à 150 MHz et émet à 132 MHz, peut
retransmettre une voie téléphonique. Il permet des conversations
directes entre la côte ouest et la côte est des États-Unis,
mais il est surtout utilisé comme porteur de messages en enregistrant
un message à son passage au-dessus d'une station et en le réémettant
à son passage au-dessus de la station destinataire. Ses batteries
d'alimentation ayant vécu moins longtemps que prévu, SCORE
ne fonctionnera que pendant une douzaine de jours, mais il aura démontré
expérimentalement la faisabilité de relais radioélectriques
en orbite.
Une deuxième étape est franchie par l'armée américaine
avec le satellite Courier, lancé le 4 octobre 1960. Il s'agit
d'un véritable satellite d'une masse de 225 kilos placé sur
une orbite de 950 km de périgée et 1 200 km d'apogée.
Il est alimenté par des cellules solaires. Son répéteur
UHF, dont tous les équipements sont doublés, émet
avec une puissance de 4 watts. Cinq enregistreurs magnétiques permettent,
si nécessaire, de retransmettre les messages en temps différé.
Les expériences à bord de Courier sont interrompues
au bout de dix-sept jours par une panne de télécommande.
Les satellites passifs
Pendant
que l'armée américaine expérimente des satellites
relais actifs, d'autres tentent de vérifier la faisabilité
de relais passifs, c'est-à-dire de simples réflecteurs. Le
12 août 1960, la NASA met en orbite un satellite sphérique,
une structure gonflable de mylar aluminisé qui atteint en orbite
un diamètre de 30 mètres. Le ballon Echo I, qui décrit
une orbite circulaire à une altitude de 1 600 km, peut être,
pendant quinze à vingt-cinq minutes, en visibilité simultanée
de stations situées respectivement sur les côtes ouest et
est des États-Unis.
Ces stations sont équipées d'antennes paraboliques de
20 à 25 mètres de diamètre et d'émetteurs d'une
puissance de 10 kilowatts à 960 MHz et à 2 390 MHz. Les têtes
de réception sont équipées de Masers, ce qui se fait
de mieux à l'époque. La difficulté principale de ces
expériences réside dans la localisation du satellite afin
de pouvoir pointer correctement les antennes d'émission et de réception.
S'agissant d'un satellite passif, seuls des moyens radar particulièrement
précis permettent de résoudre le problème. Des essais
de liaisons transatlantiques utilisant Echo I ont également
lieu avec la participation, entre autres, du CNET (Centre National d'Études
des Télécommunications).
Un deuxième satellite du même type, Echo II, ballon
de 45 mètres de diamètre, est mis en orbite le 25 janvier
1964. Afin de faciliter sa localisation, il est équipé de
deux balises radioélectriques alimentées par des cellules
solaires. Son orbite a un apogée à 1 300 km et un périgée
à 1 000 km. Bien que son opération de gonflement ne soit
pas entièrement réussie, il permettra la réalisation
d'un certain nombre d'expériences.
Des études ultérieures qui, à cause des progrès
réalisés dans le domaine des satellites actifs, ne donneront
pas lieu à des réalisations, envisageront des formes différentes
de la sphère afin de réduire la masse à mettre en
orbite, tout en conservant la même surface réflectrice. On
imaginera, en particulier, des structures lenticulaires.
À CSF, Guy Plottin publie en 1963 un article décrivant
un projet de satellite réflecteur passif en forme de trièdre
trirectangle, chaque arête du trièdre étant longue
d'environ 500 mètres. Ce cataphote, déployé en orbite
géostationnaire, doit permettre la diffusion de radio ou de télévision
sur des zones équivalentes chacune à la France, l'émetteur
au sol devant être placé au centre de la zone à desservir.
Un deuxième système utilisant la simple réflexion
des signaux sera mis en oeuvre par l'armée de l'air américaine,
avec la collaboration du MIT (Institut de Technologie du Massachusetts).
L'idée consiste à utiliser les propriétés réflectrices
d'une ceinture de dipôles placés en orbite autour du globe.
L'intérêt militaire en est évident car la répartition
diffuse des éléments réflecteurs rend le système
pratiquement invulnérable. Les grandes dimensions de la couche réflectrice
doivent en faciliter l'acquisition et la poursuite par les stations terriennes.
Ce projet, dès qu'il sera connu, suscitera de nombreuses objections
de la part de certains milieux scientifiques. L'existence autour du globe
d'une ceinture de dipôles risquerait, en effet, d'apporter une certaine
gêne à la radioastronomie et même, peut-être,
à l'astronomie optique.
Après un premier essai infructueux le 21 octobre 1961, c'est
le 10 mai 1963 que quatre cent quatre-vingts millions de fils de cuivre
d'une longueur de 1,8 centimètre, d'un diamètre de 1,8 centième
de millimètre et pesant au total 20 kilos sont dispersés
par un satellite placé sur une orbite circulaire à une altitude
de 3 700 km. Au bout de plusieurs mois, ces fils se trouvent répartis
sur un anneau dont l'épaisseur moyenne est d'environ 30 km dans
le plan de l'orbite et 15 km dans la direction perpendiculaire. La distance
moyenne entre deux dipôles voisins est estimée à environ
400 mètres.
Dans une liaison utilisant cette ceinture de dipôles, l'antenne
de réception effectue l'intégration des champs élémentaires
réfléchis par chacun des dipôles contenus dans le volume
commun aux faisceaux d'émission et de réception. Le signal
reçu a donc une nature fluctuante analogue à celle constatée
dans les liaisons terrestres à diffusion troposphérique.
Les essais de transmissions sont, de ce fait, effectués en utilisant
des techniques de réception en diversité.
Les fréquences d'utilisation sont centrées autour de 8
GHz, c'est-à-dire à la résonance des dipôles.
Des transmissions de parole et de données sont effectuées
en utilisant des techniques numériques. En outre, et notamment pendant
la période de déploiement de la ceinture, de nombreuses mesures
sont réalisées pour déterminer les effets sur la propagation
de la concentration plus ou moins grande des dipôles dans un volume
donné. Cette expérience, pour intéressante qu'elle
soit, ne sera pas suivie d'applications opérationnelles. Le développement
rapide des satellites actifs, stimulé par les perspectives d'utilisation
commerciale, devra rapidement prendre le pas sur toute autre investigation.
Les premiers satellites actifs à perspectives commerciales
Avant toute description, une première remarque s'impose. Au
moment où ces lignes sont écrites, les masses en orbite de
certains satellites de télécommunications s'expriment en
tonnes.
Au
début des années soixante, on ne peut envisager, à
cause des limitations des lanceurs existants, que quelques dizaines de
kilos et quelques dizaines de watts pour la puissance fournie par le générateur
solaire. On voit cependant apparaître des satellites équipés
de répéteurs, ayant des bandes passantes et des puissances
d'émission qui permettent d'assurer la transmission de signaux multiplex
téléphoniques ou de signaux de télévision avec
des qualités acceptables.
Le premier lancé, Telstar I, pèse 77 kilos ; il
est mis sur une orbite inclinée à 45° sur l'Équateur,
d'un périgée de 955 km et d'un apogée de 6 238 km,
par une fusée Thor Delta, le 10 juillet 1962.
Le promoteur du projet Telstar est la société privée
américaine AT & T (American Telephone and Telegraph), alors
propriétaire de la plus grande partie du réseau de télécommunications
civil du continent nord-américain, ainsi que de nombreux câbles
transocéaniques. Le fait que cette société finance
entièrement le programme Telstar montre la vision qu'elle
a de l'importance que doivent prendre les satellites comme concurrents
ou comme compléments des autres moyens de télécommunications.
À l'époque, il représentent en particulier le seul
moyen d'acheminer entre continents des signaux à large bande tels
que des images de télévision. Il faudra attendre l'apparition
de la fibre optique pour que les satellites soient concurrencés
dans ce domaine.
En collaboration avec le CNET, qui, à cette occasion, met en
oeuvre la station terrienne de Pleumeur-Bodou, AT & T effectue les premières
transmissions transatlantiques de télévision qui auront un
retentissement considérable dans le grand public. Étant donné
l'orbite de Telstar, chacune de ces transmissions ne peut malheureusement
durer que quinze à vingt minutes. Un seul programme peut être
transmis à la fois car Telstar ne possède qu'un seul
répéteur de 50 MHz de bande passante avec, à l'émission,
un tube à ondes progressives de 2 watts. À l'époque,
on ne parle pas encore de taux de compression tels que ceux que permet
de nos jours la compression numérique.
Un autre problème rencontré par Telstar est, en
raison de son orbite relativement basse et de plus elliptique, la détérioration
par les radiations de ses cellules solaires ainsi que de certains semi-conducteurs.
C'est très probablement la défaillance d'un de ces derniers
qui provoquera la panne du décodeur de télécommande
en février 1963, mettant fin à la vie utile du satellite.
Un second exemplaire, Telstar II, sera mis en orbite le 7 mai 1963
et permettra à AT & T de continuer ses expériences.
Quelques mois après Telstar, la NASA met en orbite le
satellite Relay I, construit par RCA. D'une masse voisine de celle
de Telstar, il est mis sur une orbite un peu plus haute avec un
apogée à 7 400 km et un périgée à 1
300 km. Il possède deux répéteurs d'une puissance
d'émission de 10 watts chacun et prévus pour fonctionner
alternativement sur ordre reçu du sol. Comme Telstar, il
permettra de démontrer la possibilité de transmettre jusqu'à
six cents voies téléphoniques ou un programme de télévision
en liaison point à point.
Relay
I, qui aurait dû automatiquement interrompre ses émissions
au bout d'une année, fonctionne encore le 21 janvier 1964 lorsque
le second satellite du même programme est lancé. Ce nouveau
satellite, Relay II, aura l'occasion d'être utilisé
en 1964 pour la transmission d'images des Jeux olympiques de Tokyo destinées
au grand public.
Que ce soit pour fonctionner avec Telstar ou avec Relay,
les stations terriennes sont très complexes. Les stations d'Andover
(USA) et de Pleumeur-Bodou (France) sont équipées d'immenses
antennes en cornet d'une longueur de 54 mètres qui, avec leur dispositif
de poursuite, pèsent 370 tonnes. Les seuls récepteurs à
faible bruit que l'on sait faire à l'époque sont des Masers
(Microwave Amplification by Stimulated Emission of Radiations), précurseurs
des Lasers aux fréquences optiques et ensembles relativement complexes.
On peut mesurer le chemin parcouru en faisant la comparaison avec les actuelles
stations VSAT. La CGE (Compagnie Générale d'Électricité),
prédécesseur d'Alcatel, et la CSF participeront à
la construction de la station de Pleumeur-Bodou.
Les satellites géostationnaires
L'un des pionniers de la technique des satellites géostationnaires
est Harold Rosen, de Hughes Aircraft, que certains anciens de Thomson ont
bien connu. Dès 1959, l'attention de cet ingénieur est attirée
par un travail du Dr Clarke et de Rudolf Kompfner sur la possibilité
de télécommunications transocéaniques par satellite.
Cette étude inclut le cas de satellites géostationnaires
et met en évidence leurs avantages et leurs inconvénients.
Dans une communication présentée en 1976 à l'occasion
du centenaire de LM Ericsson, Harold Rosen expose les considérations
qui l'ont amené à concevoir, avec son équipe, ce que
devront être les premiers satellites géostationnaires Syncom
I, II et III. Les opérations de mise et de maintien en orbite d'un
satellite géostationnaire, compte tenu de leur complexité,
risquent d'être coûteuses en masse et en énergie. Il
faut donc, pour que l'engin puisse être compatible avec les lanceurs
existants, simplifier au maximum sa conception.
Il apparaît en particulier que la stabilisation d'attitude par
rotation est, comme pour Telstar et Relay, la solution la
plus simple, l'axe de rotation en position géostationnaire étant
perpendiculaire au plan de l'orbite, ce qui implique, pour les antennes
du satellite, un diagramme de rayonnement toroïdal. Ce n'est que dans
les générations de satellites suivantes qu'apparaîtront
les antennes contrarotatives.
Dans
le programme Syncom, financé à partir de fin 1961
par la NASA avec la collaboration du département de la Défense
des États-Unis, une autre innovation est introduite dans les opérations
de mise en orbite : l'utilisation d'une orbite intermédiaire elliptique,
dite orbite de transfert, avec un apogée voisin de l'altitude géostationnaire
et l'incorporation dans le satellite d'un moteur d'apogée pour donner
l'impulsion nécessaire à la circularisation de l'orbite à
l'altitude géostationnaire. Cette séquence est considérée
comme la plus économique en ce qui concerne la masse au lancement,
compte tenu, toujours, des performances des lanceurs de l'époque.
Le moteur d'apogée sera, pendant de nombreuses années,
un moteur à carburant solide. C'est le satellite franco-allemand
Symphonie
qui, en 1974, sera le premier à utiliser un moteur d'apogée
à ergols liquides.
Le
premier satellite Syncom I, lancé le 14 février 1963,
explose pendant la combustion de son moteur d'apogée. Par contre,
le deuxième exemplaire, Syncom II, lancé le 26 juillet
1963, est un succès et permet de démontrer la faisabilité
de ce type de satellite. Strictement parlant, Syncom II est seulement
géosynchrone et non pas géostationnaire car son orbite de
24 heures est inclinée par rapport au plan de l'Équateur.
La première orbite géostationnaire est réalisée
par Syncom III lancé le 19 août 1964. Équipé
de deux répéteurs d'une bande passante de 25 MHz, ce dernier
sera, en particulier, utilisé pour la transmission vers les États-Unis
des images des Jeux olympiques de Tokyo.
C'est
à l'époque du lancement du premier Syncom qu'est constituée
l'organisation gouvernementale américaine Comsat (Communication
Satellite Corporation). Après le succès du programme, Comsat
commande à Hughes Aircraft un satellite géostationnaire «expérimental-opérationnel»
destiné à assurer un service de télécommunications
transatlantique. Ce satellite d'une conception analogue à celle
des Syncom, connu sous le nom d'Early Bird, est lancé
le 6 avril 1965. C'est le premier satellite réalisé pour
le compte de l'organisation internationale Intelsat dont l'accord préliminaire
de constitution, signé par onze pays, est entré en vigueur
le 20 août 1964. Ce n'est que près de neuf ans plus tard,
le 12 février 1973, qu'entrera en vigueur l'accord final, signé
par quatre-vingts pays.
On pourrait croire, en lisant ce qui précède, que les
seules difficultés dans la mise en oeuvre de satellites géostationnaires
ont été d'ordre technique. Ce serait ignorer la polémique
qui commence en 1961 lorsque Hughes Aircraft entreprend la promotion de
son concept.
En dehors de la difficulté à maintenir un satellite en
un point fixe de l'orbite géostationnaire, et des considérations
sur le bilan de liaison en raison de la grande distance à parcourir,
l'argument principal des opposants est l'influence du temps de propagation
et du phénomène d'écho retardé qui, à
cause de l'adaptation imparfaite des terminaux téléphoniques,
risque de renvoyer à l'interlocuteur sa propre parole, à
un niveau parfaitement audible mais avec un retard de près d'une
demi-seconde. Cette valeur, bien supérieure aux limites spécifiées
par le CCITT pour la téléphonie à grande distance,
devrait provoquer un effet très gênant et, selon certains,
rendre toute conversation impossible.
Hughes Aircraft finit, à force de persuasion pendant toute l'année
1961, par convaincre la NASA de financer le programme expérimental
Syncom.
Lorsque Hughes Aircraft fait en Europe, à l'occasion du Salon aéronautique
du Bourget, en 1961, une présentation de son concept, il provoque
une levée de boucliers, et peu d'individus veulent bien admettre
l'idée que des satellites géostationnaires pourraient, un
jour, être utilisés pour la téléphonie intercontinentale.
On entend alors, de ce côté de l'Atlantique, des commentaires
tels que : «On n'arrivera jamais à maintenir le satellite
en position», «L'écho retardé rendra toute conversation
impossible», «En téléphonant via un tel
satellite, les interlocuteurs deviendront fous.»
Après que le programme Syncom a été décidé
par la NASA, les mêmes opposants déclarent encore qu'il s'agit
d'une «expérience scientifique» sans aucun avenir sur
le plan pratique. Il faudra, en fait, attendre que l'expérience
Syncom
ait été parfaitement réussie et que l'on ait pu ensuite
mettre au point des dispositifs suppresseurs d'écho de plus en plus
efficaces.
À l'époque, Thomson et Hughes Aircraft ont noué
des relations industrielles, en particulier dans le domaine de l'électronique
militaire. C'est à partir de 1961 que certains ingénieurs
de Thomson, dont Pierre Chavance, Directeur du Département Télécommunications,
sont convaincus de l'intérêt des propositions de Hughes et
coopèrent à leur promotion. C'est le début des relations
entre Thomson et Hughes dans le domaine spatial, qui commencent avec Intelsat
II et continueront avec Intelsat IV et Intelsat VI.
Les satellites soviétiques
Les Soviétiques auront besoin de quelques années de
plus que les Américains pour réaliser des satellites de télécommunications.
Ils ont à faire face à des contraintes supplémentaires
pour satisfaire leurs besoins. La desserte du territoire soviétique,
où l'intérêt des satellites est évident en raison
des distances à parcourir de la frontière polonaise à
Vladivostok, nécessite des orbites très inclinées
pour atteindre des localités situées à des latitudes
élevées. C'est, entre autres, l'une des raisons pour lesquelles
les Soviétiques ne s'intéressent pas, au départ, à
l'orbite géostationnaire qui ne permet pas de desservir dans de
bonnes conditions les latitudes élevées.
Les
premiers satellites soviétiques, Molnya I, lancé le
23 avril 1965, Molnya II, lancé le 13 octobre 1965, et Molnya
IV, lancé le 20 octobre 1966, sont tous placés sur des
orbites très inclinées sur l'Équateur (de l'ordre
de 60°) et également très elliptiques avec des périgées
d'environ 500 km et des apogées d'environ 40 000 km. Leur période
orbitale est d'environ 12 heures. De ce fait, pendant certaines orbites,
lorsque l'apogée se trouve au-dessus du territoire soviétique,
la durée de visibilité de stations se trouvant sur ce territoire
peut atteindre environ huit heures avec un défilement angulaire
suffisamment lent pour permettre de simplifier le système de poursuite
des stations terriennes. Ce n'est qu'une dizaine d'années plus tard,
en 1975, que les Soviétiques lanceront Raduga I (alias
Stationar I), leur premier satellite géostationnaire.
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Telstar I |
Relay I |
Syncom III |
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