3 - Les unités spécialisées dans
l'Espace
3.4 - Alcatel Thomson Espace et Alcatel Espace (ATES)
En trente années d'histoire, Alcatel Espace et les unités
qui l'ont précédée ont remporté maints succès
qui ont étoffé le carnet de commandes. Ces réussites
sont rappelées en détail dans les divers chapitres de l'ouvrage.
On se contentera ici d'essayer de les valoriser et d'en décrire
la dynamique dans le temps.
Il faut toutefois souligner que le total des entrées de commandes
n'épouse pas directement les décisions de commandes des clients.
En effet, une même décision sera parfois suivie de l'ouverture
de tranches de commandes étalées sur plusieurs années
(par exemple Telecom 2), ou bien une commande ne sera notifiée
que tardivement (parfois au moment du lancement : par exemple ERS
et Giotto, alors que plusieurs ATP (Authorization To Proceed) avaient
été débloquées périodiquement sous forme
de LOL (Limit Of Liability).
Les entrées de commandesLe carnet de commandes
Globalement, on peut les résumer dans le graphique suivant
:
Les valeurs sont les suivantes :
Année
|
Entrées de commandes
|
Portefeuille commercial
|
1984
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627 MF
|
1 214 MF
|
1985
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565 MF
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1 175 MF
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1986
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830 MF
|
1 192 MF
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1987
|
925 MF
|
1 366 MF
|
1988
|
2 543 MF
|
2 903 MF
|
1989
|
1 852 MF
|
3 206 MF
|
1990
|
1 507 MF
|
2 936 MF
|
1991
|
1 879 MF
|
3 176 MF
|
1992
|
1 257 MF
|
2 659 MF
|
1993
|
3 096 MF
|
3 870 MF
|
Principales commandes
Au moment des apports de Thomson-CSF, au 1er janvier
1984, le portefeuille commercial s'élève à 1 137 millions
de francs. Compte tenu des travaux déjà réalisés
et figurant à cette date en «travaux en cours», on peut
estimer que la charge de travail relative à ce carnet représente
environ dix-huit mois d'activité.
1984
Les entrées de commandes de cette année seront décevantes.
Outre une tranche supplémentaire du contrat SYRACUSE 1, l'Administration
va débloquer quelques crédits d'études en perspective
de SYRACUSE 2.
De même parviendront trois ATP concernant le satellite d'observation
radar ERS 1, le satellite de télédiffusion TDF
2 et le satellite expérimental de télécommunications
Athos.
Ces signaux sont encourageants pour le futur, mais insuffisants pour
assurer la charge de travail de la toute nouvelle usine de Toulouse, dont
les effectifs ont été considérablement renforcés
en prévision d'une activité commerciale intense envisagée
par les principaux clients, et notamment : une tranche optionnelle Intelsat
VI, le déblocage définitif des programmes Athos, TDF
2 et TV-Sat 2.
1985
Pour des raisons d'ordre juridique (conséquence des accords
Thomson/CGE/État), l'exercice 1985 va être découpé
en deux, avec une coupure au 30 juin. Le bilan commercial en milieu d'année
est inquiétant : pratiquement rien, voire pire. En effet, le programme
expérimental
Athos est purement et simplement annulé,
seuls seront terminés les études et les modules en cours
dans le cadre de l'enveloppe d'ATP débloquée par le client
(France Télécom). En ce qui concerne la TV directe (TDF
2-TV-Sat 2), c'est la guerre des communiqués : un jour j'y vais,
un jour j'arrête. Quant à Intelsat VI, c'est le black-out
concernant la tranche optionnelle. Pourtant les effectifs sont là.
Au 30 juin, la Direction est obligée de décider un plan
social qui comporte plusieurs étapes, qui seront mises en oeuvre,
ou non, selon l'évolution de la situation commerciale du deuxième
semestre.
Au second semestre 1985, l'entreprise travaille avec acharnement à
la préparation de l'avenir, qui a pour nom Telecom 2-SYRACUSE
2 et Eutelsat 2. La situation de la TV directe s'améliore
: TDF 2 est enfin notifié et les Allemands pensent pouvoir
décider en 1986. Par contre, rien de neuf concernant Intelsat
VI (tranche optionnelle) et Athos, qui sont alors considérés
comme sans espoir.
1986
Ouf ! Alcatel Espace et Aérospatiale (Cannes) viennent de
gagner
Eutelsat 2. En l'occurrence, sont notifiés les trois
premiers satellites de cet important programme de télécommunications/transmission
de données et TV directe. De leur côté, les Allemands
décident TV-Sat 2. Enfin, l'Administration débloque
quelques crédits d'études concernant le futur programme de
télécommunications civiles et militaires Telecom 2-SYRACUSE
2.
Les mesures concernant le plan social, partiellement exécuté,
sont définitivement abrogées. L'espoir renaît.
1987
Le dramatique accident de la navette Challenger, ainsi que
les échecs au lancement d'Ariane et du lanceur Delta
vont priver le monde entier de lancements durant près de dix-huit
mois, retardant ainsi certaines prises de décision de programmes
nouveaux.
Néanmoins, le Gouvernement prend la décision de lancer
Telecom
2-SYRACUSE 2. Une commande de prédéveloppement est accordée
à ATES afin de lui permettre d'anticiper certains délais
(études et composants critiques).
De son côté, le CNES va décider le programme SPOT
3 et débloquer sa part dans le programme franco-américain
Topex-Poséidon
dans lequel ATES aura notamment la responsabilité de l'altimètre
de Poséidon. L'organisation Eutelsat, pour sa part, commande
en 1987 le MV4 du programme Eutelsat 2.
1988
Trois événements commerciaux majeurs marquent l'année
1988 :
- la signature définitive du contrat de trois satellites du programme
mixte PTT/DGA Telecom 2-SYRACUSE 2 (bord), pour environ 3 milliards
de francs, déblocables en plusieurs tranches annuelles ;
- la finalisation avec la DGA (Délégation Générale
pour l'Armement) du contrat concernant la maîtrise d'oeuvre système
et le réseau sol du programme SYRACUSE 2, qui portera sur
environ 1 200 millions de francs en plusieurs tranches ;
- la signature d'un contrat de 86 millions de dollars concernant la
première tranche de cinq satellites sur les douze du programme Intelsat
VII.
1989
Plusieurs contrats vont être notifiés en 1989, et notamment
:
- la signature définitive du contrat de maîtrise d'oeuvre
système et du segment sol SYRACUSE 2 (évoqué
en 1988) avec la DGA ;
- les programmes d'observation civile SPOT 4 et militaire Helios
;
- le contrat du cinquième modèle de vol Eutelsat 2.
On note, par contre, un absent de marque : le contrat Inmarsat 3
qui a donné lieu à une bataille homérique perdue par
ATES malgré d'énormes efforts.
1990
En dépit d'une compétition internationale très
vive, ATES, associée à Aérospatiale, a gagné
le contrat Turksat qui n'entrera en vigueur (donc en commande) qu'en
1991. Il porte sur la livraison en orbite (une première) de deux
satellites de télécommunications destinés aux PTT
turcs.
Un sixième modèle de vol sera signé avec l'organisation
Eutelsat. Des tranches complémentaires Telecom 2-SYRACUSE 2
seront notifiées.
Par ailleurs, ATES va recevoir une première ATP concernant le
programme ERS 2 et va se voir définitivement notifier le
contrat concernant la station de contrôle en bande S située
aux îles Kerguelen.
1991
Outre des tranches complémentaires concernant les grands
programmes
Telecom 2-SYRACUSE 2, ATES va signer définitivement
:
- le contrat Turksat (évoqué au titre de 1990)
entré en vigueur en 1991, ainsi que le contrat sol y afférent
;
- les modèles de vol 6 et 7 du programme Intelsat VII ;
- la première tranche du programme de microsatellite militaire
Cerise
;
- la première tranche du programme scientifique Soho/Cluster
;
- le contrat ERS 2 d'observation radar pour l'ESA ;
- diverses études concernant les programmes Hermes/ Colombus,
Artemis et Poem.
1992
Des espoirs significatifs ont été mis, en leur temps,
sur les retombées dont ATES aurait pu bénéficier des
grands programmes européens qu'étaient Hermes et Colombus.
En fait, ces programmes vont, dès 1992, commencer à être
remis en question.
Par ailleurs, les bouleversements politiques constatés en Europe
de l'Est vont entraîner l'organisation Eutelsat à modifier
divers satellites pour en étendre la couverture vers l'Est. Cela
entraînera une importante charge de travail pour ATES.
Intelsat VII va commander en 1992 un huitième modèle
de vol. Associé à Dornier, ATES va remporter le contrat concernant
le satellite israélien de télécommunications Amos.
Enfin, diverses études militaires dans le cadre des programmes
Eumilsatcom,
Helios, Zenon et Osiris vont être commandées, préludes
d'une activité soutenue dans ces domaines au cours des années
suivantes.
1993
La principale commande de l'année concerne celle du quatrième
modèle de vol du programme Telecom 2-SYRACUSE 2, attendue
depuis longtemps et périodiquement remise en question.
Par ailleurs, il apparaît dès 1993 que France Télécom
pourrait commander prochainement un satellite expérimental de télécom
destiné à tester diverses solutions d'avant-garde dans ce
domaine, afin de ne pas se laisser distancer par les États-Unis
ou le Japon.
Intelsat va commander le neuvième satellite du programme Intelsat
VII. Par ailleurs ATES, associé à Aérospatiale,
va gagner le programme Arabsat 2 de télécommunication
destiné à la Ligue arabe.
Les décisions prises à Grenade en 1992 vont permettre
à l'ESA de commencer le déblocage des crédits concernant
le programme de protection de l'environnement Envisat, pour lequel
ATES va réaliser le radar à synthèse d'ouverture,
et le programme de télécom Artemis dans lequel ATES
est responsable de répéteurs en bandes S et Ka. Enfin, la
DGA choisit ATES pour la réalisation du microsatellite Clementine. |