4 - Les fonctions et les métiers
Les débuts
Jusqu'en 1970, année à partir de laquelle les activités
spatiales seront confiées à un département spécialisé,
chacune des unités dont un ou plusieurs services participent à
de telles activités intègre la planification correspondante
dans sa planification d'ensemble.
Par exemple, chaque division de Thomson établit chaque année
un plan à cinq ans baptisé « Plan à Moyen Terme»
(PMT), et parfois appelé improprement « plan produits».
À partir des prévisions de prises de commandes établies
par le Service Commercial, et compte tenu des affaires déjà
en cours, les différents services de la division, chacun dans son
domaine de responsabilités, établissent les prévisions
concernant :
- les charges industrielles ;
- les effectifs ;
- les chiffres d'affaires annuels ;
- les investissements ;
- les études autofinancées ;
- les résultats.
Une synthèse de ces données est faite au niveau de la
Direction de la division et c'est à cette occasion que sont introduites
les mises à jour qui peuvent apparaître nécessaires
à la politique de produits.
Au cours du dernier trimestre de chaque année, durant une réunion
« solennelle» à laquelle assistent les représentants
de toutes les directions centrales du siège de la compagnie, le
PMT de la division est présenté à la Direction Générale
puis abondamment discuté, éventuellement amendé, et
finalement approuvé.
Le programme d'études autofinancées n'y est examiné
que très superficiellement. Seul son montant global retient l'attention
à ce niveau. Ses détails sont discutés lors d'une
réunion ultérieure avec la Direction Technique Générale.
À partir de 1968, après que les activités du domaine
des satellites ont été confiées à la Division
MRA (devenue ensuite MAS), le PMT de cette Division inclut un chapitre
« spatial».
Le plan à ESA et DSP
En juillet 1970, la responsabilité de ces activités
est confiée à un département spécialisé,
le Département Espace-Satellites (ESA, puis DSP à partir
de 1975), au sein de la Division AVS.
Ce département est entièrement responsable de l'établissement
et de l'exécution de son PMT, qui fait l'objet d'un chapitre distinct
dans celui de la Division. Ses modestes moyens ne lui permettent évidemment
pas de disposer d'une organisation spécifique pour l'établir
et en suivre le déroulement. Les éléments en sont
rassemblés par le chef du Service Commercial, Pierre Gautier, et
par le chef des Services Techniques et Industriels, Guy Leconte. La synthèse
est effectuée par le Directeur du Département lui-même,
Jacques Chaumeron.
Comme il a déjà été dit par ailleurs dans
cet ouvrage, le premier PMT, présenté à la Direction
Générale en novembre 1970, alors que l'organisation du département
est encore en cours de mise en place et que certains de ses dirigeants
n'ont pas encore rejoint leur poste, prend l'allure d'une petite «
épopée», et deux présentations à la Direction
Générale, au lieu d'une seule habituellement, sont nécessaires
pour obtenir son approbation
À partir de 1975, le Département ESA, devenu alors DSP,
quitte la Division AVS pour être rattaché à la Division
Faisceaux Hertziens (DFH). Les règles et les méthodes de
planification restent à peu près les mêmes et le fonctionnement
interne du Département DSP dans ce domaine reste inchangé
jusqu'au début de 1978, date à laquelle André Lepeigneux
est remplacé à la tête de la Division par Christian
Loeffler. Ce dernier crée une Direction des Programmes et Produits
Spatiaux (DPPS), qui devient un passage obligé entre DSP et tous
les niveaux supérieurs, à la fois de la Direction et de la
clientèle. La DPPS est confiée à Michel Lasalle qui
est chargé, entre autres, de la présentation à la
Direction Générale du PMT de DSP. L'existence d'un tel rouage
supplémentaire crée quelques frictions.
Le plan à DES et à Alcatel Espace
Au début de 1982, la Division Espace (DES) est créée
autour du Département DSP et de l'équipe chargée du
programme SYRACUSE. Les services qui doivent participer à
la planification se trouvent peu à peu renforcés au niveau
de ce qui est une division et non plus un département. En particulier,
l'aspect prévisionnel des travaux est amélioré par
la création, au sein de la Direction Commerciale, d'un Service Marketing
confié à Claude Roche.
C'est en 1985 qu'est créé un organisme chargé spécialement
des tâches liées à la planification : la Direction
du Plan, qui évoluera par la suite en Direction du Plan et de la
Politique Produit.
Le premier travail de la Direction du Plan
En 1985 le programme Telecom 1, qui a représenté
une activité considérable pour Alcatel Espace, se termine
; un programme expérimental de télécommunications,
Athos,
est annulé par le client, et enfin la décision de lancer
le programme Telecom 2, successeur de Telecom 1, n'est pas
prise. Après la période de croissance rapide qu'a connue
la société, apparaît un risque important de sous-charge
pour les années à venir. Afin d'évaluer la durée
et l'amplitude probables de cette sous-charge, une planification suffisamment
détaillée de l'activité de la société
s'avère nécessaire. La Direction du Plan est alors confiée
à Claude Michaud.
Son premier travail en 1985 est donc de déterminer, en liaison
avec les services concernés, les différents scénarios
possibles de prises de commandes, de chiffre d'affaires et d'activité
pour les cinq années à venir en tenant compte de :
- la planification des programmes spatiaux envisagée par les
donneurs d'ordre ;
- le succès ou l'échec possible rencontré par la
société lors des appels d'offres prévus pour la maîtrise
d'oeuvre ou la fourniture d'équipements de ces programmes ;
- la politique industrielle des administrations et agences nationales
ou européennes.
Afin d'obtenir une simulation aussi complète que possible du
fonctionnement de la société, on distingue l'activité
propre de l'activité totale ; l'activité propre, qui correspond
à l'activité totale moins les prestations confiées
aux tiers, donne en effet une meilleure idée de la charge réelle
et des besoins en personnel. Pour les mêmes raisons on distingue
les différents métiers exercés par la société
: systèmes, intégration, antennes, hyperfréquences,
traitement du signal
La politique de produits
Durant l'année 1986, les perspectives d'accroissement des
prises de commandes se confirment ; en particulier, le lancement dans un
délai relativement court du programme Telecom 2 apparaît
probable, lequel doit, comme son prédécesseur, entraîner
un accroissement très important de l'activité.
Dans ce contexte, la mise en place d'une politique de sous-traitance
est décidée afin de lisser les charges et de limiter en particulier
l'accroissement excessif de l'activité propre de la société
pendant la surcharge attendue. Cette politique de sous-traitance doit être
complétée par une politique de produits dont l'objet sera
de déterminer les équipements que la société
souhaite continuer de réaliser elle-même, et ceux qu'elle
souhaite sous-traiter. Cette question est également liée
à la politique d'études, l'effort d'études et de développement
pouvant être moindre dans les domaines sous-traités que dans
les autres.
La Direction du Plan est donc chargée en 1986 d'élaborer
une politique produits en liaison avec tous les services concernés.
Après une étude menée avec l'aide d'un cabinet de
consultants, il est décidé de classer les équipements
produits par la société en trois segments :
- les segments stratégiques, comme par exemple les antennes ;
- les segments de base, comme par exemple les récepteurs ;
- les segments de compétence, comme par exemple les filtres.
Les segments stratégiques, généralement de haute
technicité, permettent de remporter dans une compétition
internationale difficile les appels d'offres relatifs à des maîtrises
d'oeuvre de satellites ou de systèmes (l'exemple typique est celui
des antennes dans les systèmes ou satellites de télécommunications).
Un segment stratégique nécessite un effort d'études
particulièrement important qui doit s'apprécier en tenant
compte du chiffre d'affaires et des marges correspondant non seulement
au segment considéré, mais également aux maîtrises
d'oeuvre qu'il permet d'obtenir.
Les équipements de base doivent être produits en nombre
le plus élevé possible pour les différents programmes
spatiaux afin d'aboutir à des performances optimales et à
des coûts de production les plus faibles possibles. Le financement
des études doit être apprécié en tenant compte
du chiffre d'affaires et des marges dégagés par le segment.
Les segments de compétence correspondent aux équipements
que la société est prête à sous-traiter. L'effort
d'études peut être moindre mais un maintien de compétences
reste cependant nécessaire pour pouvoir s'assurer de la qualité
du travail effectué par les sous-traitants et redresser la situation
le cas échéant. Un maître d'oeuvre ne peut pas, en effet,
prendre le risque de voir l'ensemble de son contrat menacé par la
défaillance d'un sous-traitant.
Cette politique produits est effectivement adoptée, en particulier
en 1988 pour l'important programme Telecom 2. Les contrats de sous-traitance
établis à cette occasion prévoient en outre par réciprocité
qu'Alcatel Espace puisse obtenir des contreparties en cas de sous-charge.
Le plan stratégique et la méthode de travail adoptée
pour son établissement
À partir de 1988, et en partant de l'expérience acquise
au cours des années précédentes, la Direction du Plan
et de la Politique Produit prépare le plan stratégique qui
fixe les orientations à moyen et long terme de la société
: objectifs déterminés sur une période de cinq ans
de prises de commandes, de chiffre d'affaires, d'activité
, en cohérence
avec les politiques de produits, de sous-traitance, d'études et
de personnel.
Ce plan stratégique est élaboré chaque année
à partir de données obtenues pour l'essentiel par discussion
interne. Elles sont ensuite confrontées, lorsque cela est possible,
avec des données extérieures. L'expérience a montré
qu'un nombre considérable d'informations utiles existent à
l'intérieur de la société. Pour cette raison, la préparation
du plan est organisée chaque année en prévoyant des
réunions aux différents niveaux hiérarchiques dans
les différents domaines d'activité de la société.
Cette méthodologie de travail permet d'obtenir le maximum d'éléments
d'information, de les soumettre à la critique et d'en faire la synthèse.
Les données recueillies sont ensuite traitées, consolidées
à l'aide de programmes informatiques, puis reprises avec la participation
de la Direction Administrative et Financière pour ajouter le volet
financier. Les grandes options du plan sont discutées au cours d'une
réunion d'une journée avec les principaux responsables de
la société, avant d'être soumises finalement pour approbation
à la Direction Générale.
Cette méthode de travail a aussi pour but que chacun considère
le plan stratégique comme son engagement personnel (revu et corrigé
le cas échéant par la hiérarchie pour fixer des objectifs
plus ou moins ambitieux) et non comme un document établi dans le
secret d'un état-major éloigné des réalités
du terrain.
Compte tenu du caractère extrêmement diversifié
de l'activité de la société (systèmes de télécommunications,
radars, systèmes optiques, équipements de natures très
diverses
), le plan est relativement long à préparer, mais
il est un outil permettant la mise en cohérence des actions dans
les différents domaines. Le plan stratégique est également
transmis à Alcatel en tenant compte des demandes qui lui sont spécifiques.
L'équipe
L'équipe de la Direction du Plan et de la Politique Produit
est composée à la fin des années quatre-vingt et au
début des années quatre-vingt-dix d'Alain Bailly, Annie Chauvet,
Claude Michaud et Marie-Thérèse Petit. Il n'est pas possible
dans une aussi petite équipe d'assurer une répartition stricte
du travail, d'autant plus qu'Alain Bailly se trouve à Toulouse et
que le reste de l'équipe est à Courbevoie. Cependant, Alain
Bailly est chargé plus particulièrement de la politique de
produits ainsi que de la politique de brevets qui est aussi de la responsabilité
de cette Direction, Annie Chauvet s'occupant plus spécifiquement
des aspects de marché. Marie-Thérèse Petit assure
le secrétariat, et Claude Michaud la direction.
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