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Association Amicale des Anciens d'Alcatel Space
CHRONIQUES D'UN MÉTIER de 1963 à 1993
Table | Préf | Intro | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9

4 - Les fonctions et les métiers

4.2 - La prospective et le plan

Les débuts


Jusqu'en 1970, année à partir de laquelle les activités spatiales seront confiées à un département spécialisé, chacune des unités dont un ou plusieurs services participent à de telles activités intègre la planification correspondante dans sa planification d'ensemble.

Par exemple, chaque division de Thomson établit chaque année un plan à cinq ans baptisé « Plan à Moyen Terme» (PMT), et parfois appelé improprement « plan produits».

À partir des prévisions de prises de commandes établies par le Service Commercial, et compte tenu des affaires déjà en cours, les différents services de la division, chacun dans son domaine de responsabilités, établissent les prévisions concernant :

- les charges industrielles ;

- les effectifs ;

- les chiffres d'affaires annuels ;

- les investissements ;

- les études autofinancées ;

- les résultats.
 
 

Une synthèse de ces données est faite au niveau de la Direction de la division et c'est à cette occasion que sont introduites les mises à jour qui peuvent apparaître nécessaires à la politique de produits.

Au cours du dernier trimestre de chaque année, durant une réunion « solennelle» à laquelle assistent les représentants de toutes les directions centrales du siège de la compagnie, le PMT de la division est présenté à la Direction Générale puis abondamment discuté, éventuellement amendé, et finalement approuvé.

Le programme d'études autofinancées n'y est examiné que très superficiellement. Seul son montant global retient l'attention à ce niveau. Ses détails sont discutés lors d'une réunion ultérieure avec la Direction Technique Générale.

À partir de 1968, après que les activités du domaine des satellites ont été confiées à la Division MRA (devenue ensuite MAS), le PMT de cette Division inclut un chapitre « spatial».
 

Le plan à ESA et DSP


En juillet 1970, la responsabilité de ces activités est confiée à un département spécialisé, le Département Espace-Satellites (ESA, puis DSP à partir de 1975), au sein de la Division AVS.

Ce département est entièrement responsable de l'établissement et de l'exécution de son PMT, qui fait l'objet d'un chapitre distinct dans celui de la Division. Ses modestes moyens ne lui permettent évidemment pas de disposer d'une organisation spécifique pour l'établir et en suivre le déroulement. Les éléments en sont rassemblés par le chef du Service Commercial, Pierre Gautier, et par le chef des Services Techniques et Industriels, Guy Leconte. La synthèse est effectuée par le Directeur du Département lui-même, Jacques Chaumeron.

Comme il a déjà été dit par ailleurs dans cet ouvrage, le premier PMT, présenté à la Direction Générale en novembre 1970, alors que l'organisation du département est encore en cours de mise en place et que certains de ses dirigeants n'ont pas encore rejoint leur poste, prend l'allure d'une petite « épopée», et deux présentations à la Direction Générale, au lieu d'une seule habituellement, sont nécessaires pour obtenir son approbation

À partir de 1975, le Département ESA, devenu alors DSP, quitte la Division AVS pour être rattaché à la Division Faisceaux Hertziens (DFH). Les règles et les méthodes de planification restent à peu près les mêmes et le fonctionnement interne du Département DSP dans ce domaine reste inchangé jusqu'au début de 1978, date à laquelle André Lepeigneux est remplacé à la tête de la Division par Christian Loeffler. Ce dernier crée une Direction des Programmes et Produits Spatiaux (DPPS), qui devient un passage obligé entre DSP et tous les niveaux supérieurs, à la fois de la Direction et de la clientèle. La DPPS est confiée à Michel Lasalle qui est chargé, entre autres, de la présentation à la Direction Générale du PMT de DSP. L'existence d'un tel rouage supplémentaire crée quelques frictions.
 

Le plan à DES et à Alcatel Espace


Au début de 1982, la Division Espace (DES) est créée autour du Département DSP et de l'équipe chargée du programme SYRACUSE. Les services qui doivent participer à la planification se trouvent peu à peu renforcés au niveau de ce qui est une division et non plus un département. En particulier, l'aspect prévisionnel des travaux est amélioré par la création, au sein de la Direction Commerciale, d'un Service Marketing confié à Claude Roche.

C'est en 1985 qu'est créé un organisme chargé spécialement des tâches liées à la planification : la Direction du Plan, qui évoluera par la suite en Direction du Plan et de la Politique Produit.
 

Le premier travail de la Direction du Plan


En 1985 le programme Telecom 1, qui a représenté une activité considérable pour Alcatel Espace, se termine ; un programme expérimental de télécommunications, Athos, est annulé par le client, et enfin la décision de lancer le programme Telecom 2, successeur de Telecom 1, n'est pas prise. Après la période de croissance rapide qu'a connue la société, apparaît un risque important de sous-charge pour les années à venir. Afin d'évaluer la durée et l'amplitude probables de cette sous-charge, une planification suffisamment détaillée de l'activité de la société s'avère nécessaire. La Direction du Plan est alors confiée à Claude Michaud.

Son premier travail en 1985 est donc de déterminer, en liaison avec les services concernés, les différents scénarios possibles de prises de commandes, de chiffre d'affaires et d'activité pour les cinq années à venir en tenant compte de :

- la planification des programmes spatiaux envisagée par les donneurs d'ordre ;

- le succès ou l'échec possible rencontré par la société lors des appels d'offres prévus pour la maîtrise d'oeuvre ou la fourniture d'équipements de ces programmes ;

- la politique industrielle des administrations et agences nationales ou européennes.

Afin d'obtenir une simulation aussi complète que possible du fonctionnement de la société, on distingue l'activité propre de l'activité totale ; l'activité propre, qui correspond à l'activité totale moins les prestations confiées aux tiers, donne en effet une meilleure idée de la charge réelle et des besoins en personnel. Pour les mêmes raisons on distingue les différents métiers exercés par la société : systèmes, intégration, antennes, hyperfréquences, traitement du signal…
 

La politique de produits


Durant l'année 1986, les perspectives d'accroissement des prises de commandes se confirment ; en particulier, le lancement dans un délai relativement court du programme Telecom 2 apparaît probable, lequel doit, comme son prédécesseur, entraîner un accroissement très important de l'activité.

Dans ce contexte, la mise en place d'une politique de sous-traitance est décidée afin de lisser les charges et de limiter en particulier l'accroissement excessif de l'activité propre de la société pendant la surcharge attendue. Cette politique de sous-traitance doit être complétée par une politique de produits dont l'objet sera de déterminer les équipements que la société souhaite continuer de réaliser elle-même, et ceux qu'elle souhaite sous-traiter. Cette question est également liée à la politique d'études, l'effort d'études et de développement pouvant être moindre dans les domaines sous-traités que dans les autres.

La Direction du Plan est donc chargée en 1986 d'élaborer une politique produits en liaison avec tous les services concernés. Après une étude menée avec l'aide d'un cabinet de consultants, il est décidé de classer les équipements produits par la société en trois segments :

- les segments stratégiques, comme par exemple les antennes ;

- les segments de base, comme par exemple les récepteurs ;

- les segments de compétence, comme par exemple les filtres.
 
 

Les segments stratégiques, généralement de haute technicité, permettent de remporter dans une compétition internationale difficile les appels d'offres relatifs à des maîtrises d'oeuvre de satellites ou de systèmes (l'exemple typique est celui des antennes dans les systèmes ou satellites de télécommunications).

Un segment stratégique nécessite un effort d'études particulièrement important qui doit s'apprécier en tenant compte du chiffre d'affaires et des marges correspondant non seulement au segment considéré, mais également aux maîtrises d'oeuvre qu'il permet d'obtenir.

Les équipements de base doivent être produits en nombre le plus élevé possible pour les différents programmes spatiaux afin d'aboutir à des performances optimales et à des coûts de production les plus faibles possibles. Le financement des études doit être apprécié en tenant compte du chiffre d'affaires et des marges dégagés par le segment.

Les segments de compétence correspondent aux équipements que la société est prête à sous-traiter. L'effort d'études peut être moindre mais un maintien de compétences reste cependant nécessaire pour pouvoir s'assurer de la qualité du travail effectué par les sous-traitants et redresser la situation le cas échéant. Un maître d'oeuvre ne peut pas, en effet, prendre le risque de voir l'ensemble de son contrat menacé par la défaillance d'un sous-traitant.

Cette politique produits est effectivement adoptée, en particulier en 1988 pour l'important programme Telecom 2. Les contrats de sous-traitance établis à cette occasion prévoient en outre par réciprocité qu'Alcatel Espace puisse obtenir des contreparties en cas de sous-charge.
 

Le plan stratégique et la méthode de travail adoptée pour son établissement


À partir de 1988, et en partant de l'expérience acquise au cours des années précédentes, la Direction du Plan et de la Politique Produit prépare le plan stratégique qui fixe les orientations à moyen et long terme de la société : objectifs déterminés sur une période de cinq ans de prises de commandes, de chiffre d'affaires, d'activité…, en cohérence avec les politiques de produits, de sous-traitance, d'études et de personnel.

Ce plan stratégique est élaboré chaque année à partir de données obtenues pour l'essentiel par discussion interne. Elles sont ensuite confrontées, lorsque cela est possible, avec des données extérieures. L'expérience a montré qu'un nombre considérable d'informations utiles existent à l'intérieur de la société. Pour cette raison, la préparation du plan est organisée chaque année en prévoyant des réunions aux différents niveaux hiérarchiques dans les différents domaines d'activité de la société.

Cette méthodologie de travail permet d'obtenir le maximum d'éléments d'information, de les soumettre à la critique et d'en faire la synthèse. Les données recueillies sont ensuite traitées, consolidées à l'aide de programmes informatiques, puis reprises avec la participation de la Direction Administrative et Financière pour ajouter le volet financier. Les grandes options du plan sont discutées au cours d'une réunion d'une journée avec les principaux responsables de la société, avant d'être soumises finalement pour approbation à la Direction Générale.

Cette méthode de travail a aussi pour but que chacun considère le plan stratégique comme son engagement personnel (revu et corrigé le cas échéant par la hiérarchie pour fixer des objectifs plus ou moins ambitieux) et non comme un document établi dans le secret d'un état-major éloigné des réalités du terrain.

Compte tenu du caractère extrêmement diversifié de l'activité de la société (systèmes de télécommunications, radars, systèmes optiques, équipements de natures très diverses…), le plan est relativement long à préparer, mais il est un outil permettant la mise en cohérence des actions dans les différents domaines. Le plan stratégique est également transmis à Alcatel en tenant compte des demandes qui lui sont spécifiques.
 

L'équipe


L'équipe de la Direction du Plan et de la Politique Produit est composée à la fin des années quatre-vingt et au début des années quatre-vingt-dix d'Alain Bailly, Annie Chauvet, Claude Michaud et Marie-Thérèse Petit. Il n'est pas possible dans une aussi petite équipe d'assurer une répartition stricte du travail, d'autant plus qu'Alain Bailly se trouve à Toulouse et que le reste de l'équipe est à Courbevoie. Cependant, Alain Bailly est chargé plus particulièrement de la politique de produits ainsi que de la politique de brevets qui est aussi de la responsabilité de cette Direction, Annie Chauvet s'occupant plus spécifiquement des aspects de marché. Marie-Thérèse Petit assure le secrétariat, et Claude Michaud la direction.

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