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Association Amicale des Anciens d'Alcatel Space
CHRONIQUES D'UN MÉTIER de 1963 à 1993
Table | Préf | Intro | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9

4 - Les fonctions et les métiers

4.4 - Les Services Techniques et Industriels

Introduction


Les disciplines mises en oeuvre dans l'activité des Services Techniques et Industriels sont les suivantes :

- les Études dont le rôle est de définir et de valider les schémas fonctionnels des équipements, ainsi que les composants et les technologies à mettre en oeuvre ;

- le Développement qui consiste à réaliser les dossiers de définition et de fabrication ;

- la Fabrication qui, à partir des dossiers de définition, met au point des «gammes» décrivant dans le détail les opérations à effectuer dans les ateliers, réalise des éléments (circuits et leurs supports, cartes, structures, boîtiers, pièces mécaniques…) et les assemble en sous-ensembles ou équipements complets en satisfaisant aux critères de qualité requis ;

- le Contrôle qui s'assure en permanence du respect des procédures et garantit le niveau de qualité de la production ;

- les Essais pendant lesquels le matériel issu de la Fabrication est réglé et soumis à des épreuves qui permettent de s'assurer de son aptitude à remplir sa mission ;

- la Recette, séquence de tests multiples devant conclure à la conformité du matériel avec ses spécifications.
 
 

Dans chacune de ces rubriques sont impliqués des personnels de qualifications variées. Au cours du temps, leurs compétences professionnelles, tout en se resserrant sur des créneaux de plus en plus étroits, se sont approfondies avec l'expérience. Les moyens matériels utilisés, tant au niveau de la conception et du développement qu'à celui de la fabrication ou des tests, sont passés, en s'automatisant, de l'état artisanal des débuts à un stade industriel qui, seul, permet des gains de productivité.

Au-delà de la partie événementielle relatant les programmes et les organisations, l'histoire d'Alcatel Espace fait apparaître cette évolution qui a conditionné les réussites passées et qui garantit les succès à venir.
 

Les débuts


La naissance des premiers Services Techniques chargés d'étudier des matériels de satellites à Thomson-Houston et à CSF est relatée dans les chapitres consacrés aux débuts des activités spatiales dans chacune de ces deux compagnies.

Dans les deux cas, ce sont les programmes des satellites conçus par le CNES pour être mis en orbite par le lanceur Diamant et les appels d'offres pour la fourniture des matériels électroniques qui leur donnent l'occasion de tenter leurs débuts dans le domaine à partir de 1964.

Aussi bien pour les émetteurs de télémesure à CSF que pour les récepteurs de télécommande à Thomson, il n'est pas nécessaire de faire des études à partir de zéro. Des matériels portables de télécommunications militaires déjà fabriqués en série utilisent des technologies et des circuits voisins de ce qui est nécessaire pour satisfaire aux conditions des cahiers des charges du CNES.

À CSF une petite équipe du Centre de recherches de Corbeville est constituée autour de Willy Martini pour étudier les émetteurs et superviser leur réalisation. À Thomson, c'est au sein du Service chargé des études des émetteurs-récepteurs militaires, dirigé par Pierre Vivet, que Roland Gosmand organise la petite équipe qui étudie les récepteurs et en suit la fabrication.

Le décodeur de télécommande est étudié par Sylvain Fontanes, ingénieur dans un autre Service du centre de Gennevilliers qui s'occupe des problèmes de la spécialité naissante du traitement des données.

Le premier pas ayant été franchi, des études plus originales sont entreprises en vue du programme Eole, puis du programme Symphonie. Dans ce dernier, les premières études faites en vue de la proposition le sont par des équipes ad hoc constituées temporairement selon les compétences requises.

Il en a été de même pour divers travaux de propositions exécutés de 1963 à 1968.

Les premiers satellites scientifiques de l'ESRO donnent lieu à des études de perfectionnement par rapport aux matériels développés pour la série Diamant.
 

Les Services Techniques à Vélizy et à Meudon


Faisant suite à la fusion de Thomson-Houston et de CSF qui a abouti à la création de Thomson-CSF, le rassemblement des Services Techniques entièrement affectés au domaine des satellites commence en 1969 au sein de la Division MAS (Matériels Aérospatiaux) à Vélizy.

Cette Division possède déjà en propre un Service Technique «Hyperfréquences», dirigé par Marcel Palazo, qui, spécialisé dans l'électronique de missiles et les antennes, se prépare à aborder le domaine des satellites. Le Service de Willy Martini la rejoint en 1969, suivi, au début de 1970, par le Service de Roland Gosmand qui, à Gennevilliers, a succédé à Pierre Vivet.

Durant cette période, les principales activités d'études portent sur Eole et Symphonie. Le programme Intelsat IV, limité à une fabrication sur plans, n'a nécessité l'intervention des Services Techniques que pour les essais finals.

Willy Martini ayant quitté la société au début de 1971, le Département Espace-Satellites (ESA), créé en juillet 1970 à la suite de l'absorption de la Division MAS par la Division AVS, ne possède plus que deux Services Techniques chargés d'études de matériels : le Service «Hyperfréquences» (HY), dirigé par Marcel Palazo, et le Service «Électronique Spatiale» (ES), dirigé par Roland Gosmand.

Un troisième Service (SS) est créé en 1971 et confié à Claude Skenderoff pour effectuer les études de systèmes dont il sera question au chapitre suivant.

Ce dernier Service est placé directement sous l'autorité du Directeur du Département, Jacques Chaumeron, alors que les deux autres Services Techniques, ES et HY, en liaison plus étroite avec les Services de Production, dépendent de Guy Leconte, chef des Services Techniques et Industriels.

Pour chaque étude de matériel ou pour chaque programme de satellite, un chef de projet est désigné. Il assure le suivi de l'ensemble des études, de la fabrication et des essais pour le ou les matériels concernés.

Lorsque le programme en question ne comprend que des matériels étudiés par un seul Service, le chef de projet est choisi parmi les ingénieurs de ce Service. Dans le cas contraire, pour des programmes plus importants, le chef de projet est désigné, d'un commun accord, par le chef des Services Techniques et Industriels et par le Directeur du Département ESA auquel il rend compte.

Outre la supervision de toutes les phases du programme, le chef de projet est le correspondant du Service Commercial, qui peut utiliser son assistance dans des démarches auprès des clients.

Les noms des chefs de projet des programmes les plus importants sont cités dans les chapitres respectifs qui traitent de ces programmes.

Après l'étude des matériels et la transmission au Bureau d'Études des éléments nécessaires à l'établissement des dossiers, les Services Techniques ont la responsabilité des divers essais, y compris la présentation en recette et l'exécution des essais correspondants. Les essais d'environnement sont effectués dans un service spécialisé qui détient les moyens nécessaires, ou à l'extérieur lorsque ces moyens n'existent pas dans le Département.

Ce mode de fonctionnement sera en place de 1970 à 1982, date du transfert à Toulouse et de la création de la Division Espace.

Au cours de cette période, quelques modifications sont apportées à l'organisation pour tenir compte de l'évolution des besoins. En octobre 1979, la section antennes du Service HY, dirigée par Bruno Vidal Saint-André, est promue au rang de Service Technique à part entière.

À la même date, Pierre de Bayser succède à Marcel Palazo à la tête du Service HY avec, en même temps, le titre d'adjoint à Guy Leconte, chef des Services Techniques et Industriels, auquel il succédera en juin 1981. En octobre 1981, il est remplacé à la tête du Service HY par Pierre Fraise.

Peu à peu, la politique technique peut être précisée, compte tenu de l'évolution du marché. Dans l'ordre chronologique, la télémesure-télécommande, les répéteurs et les antennes de télécommunications, puis les radars apparaissent comme les principaux axes des développements futurs. Malgré les moyens financiers réduits dont dispose le Département, un programme d'études autofinancées est mis en oeuvre chaque année en vue de compléter les financements apportés par les organismes clients. Parmi ces derniers, le principal soutien durant cette période vient de l'ESRO puis de l'ESA. Bien que leurs marchés d'études soient systématiquement mis en compétition, Thomson-CSF pourra en gagner quelques-uns qui lui permettront de s'assurer une bonne position initiale dans le domaine des matériels de télécommunications en bande Ku. Dans ce domaine, le soutien de l'administration des PTT n'arrive que relativement tard, en 1979, au début du programme Telecom 1.

Dans les autres domaines, le CNES apporte son soutien dans certains moments difficiles, en particulier dans le domaine de l'observation de la Terre.

Pour la télémesure-télécommande, le marché d'étude de l'ESA pour des transpondeurs en bande S ayant été perdu, le développement de la première version de ce matériel est entièrement autofinancé car la Direction de DSP la considère à l'époque comme un axe important de la politique de produits.

Étant donné l'étroitesse du marché avant l'arrivée du programme Telecom 1, il n'est évidemment pas possible au Département DSP d'entretenir en permanence des effectifs compétents dans toutes les disciplines techniques de l'électronique embarquée à bord de satellites. Il faut donc sous-traiter certaines études à d'autres unités de Thomson-CSF. Dès 1969, la Division DFH avait étudié les matériels de répéteurs de télécommunications destinés au satellite Symphonie. Le chapitre consacré au Département Espace-Satellites relate les péripéties des négociations entre ce Département et cette Division en vue de définir leurs prérogatives respectives dans ce domaine particulier des télécommunications. À partir de 1975, date du rattachement du Département DSP à DFH, et jusqu'à la création de la Division Espace, en 1982, les Services Techniques de DFH continuent d'exécuter certaines études dans ce même domaine, ce qui donne lieu parfois à quelques différences d'opinions entre ingénieurs des deux unités sur les solutions techniques à adopter pour résoudre les problèmes.

Les études des équipements de visualisation du Spacelab sont effectuées avec l'assistance technique d'un service spécialisé de la Division AVS.

Dans le domaine des radars, dès les premières études de faisabilité qui aboutiront au programme ERS de l'ESA, le Service Systèmes travaille en liaison étroite avec les services de la Division AVS spécialistes des radars à ouverture synthétique. En 1975, le Département ayant quitté cette Division, un accord est négocié en vue de poursuivre la collaboration.

Enfin, dans le domaine des antennes, un important appui est donné par la Division Radars de Surface (DRS) de Thomson-CSF, en particulier pour les logiciels de calcul.

Les premiers moyens techniques mis en place pendant les douze années d'existence du Département Espace-Satellites visent principalement une activité d'équipementier. Cependant il ne sera jamais perdu de vue que l'expansion future doit évoluer vers les maîtrises d'oeuvre de sous-systèmes importants tels que des charges utiles et peut-être, plus tard, des satellites complets. La concurrence étant à l'époque très large et le marché très étroit, la plus grande prudence est de rigueur. C'est à l'occasion des programmes successifs de satellites que la Direction du Département ESA (puis DSP) s'efforce de faire acquérir progressivement aux différentes équipes les compétences qui pourraient leur permettre d'assumer, le moment venu, des responsabilités de maîtrise d'oeuvre. L'évolution commence, très modestement, par la maîtrise d'oeuvre du sous-système de TM-TC des satellites HEOS A1 et HEOS A2. Les membres du groupe de projet du programme Symphonie ont été, chacun dans sa spécialité, à bonne école pour s'exercer aux tâches de la maîtrise d'oeuvre d'un satellite. Plus tard, SPOT 1 a permis à l'équipe de DSP chargée de cette affaire d'avoir la responsabilité complète du sous-système télémesure-charge utile (TMCU), y compris la structure et le contrôle thermique, l'initiant ainsi à des spécialités jusqu'alors, tout au moins en France, réservées aux «avionneurs».

Quand arrivent les affaires Telecom 1 et TDF 1, premières occasions d'exercer des responsabilités de maîtrise d'oeuvre d'une charge utile, DSP dispose, grâce à l'expérience passée, d'un noyau minimal de personnel compétent, capable de former les nouveaux embauchés et d'être un interlocuteur valable vis-à-vis du maître d'oeuvre du satellite.
 

La période du déménagement vers Toulouse


Sans affecter, au moins dans une première phase, les bases de l'organisation et du fonctionnement des Services Techniques, la préparation du transfert à Toulouse est à l'origine d'un certain nombre de perturbations.

La partie de l'effectif ayant choisi de rester en région parisienne est reclassée dans d'autres unités de la Compagnie et un gros effort doit être entrepris pour former l'effectif de remplacement aux contraintes particulières à l'activité spatiale. Quelques ingénieurs et techniciens sont affectés au nouveau centre de Courbevoie dans l'équipe de maîtrise d'oeuvre du programme SYRACUSE.

Roland Gosmand, chef du Service ES, ayant choisi de rester en région parisienne, doit être remplacé. L'activité est alors en pleine expansion, le Service est divisé en deux et chacune des deux disciplines dont il était responsable est confiée à un nouveau Service.

Michel Hayard prend en charge le Service EN (Électronique Numérique) et Jacques d'Hollander se voit confier le Service TC (Télémesure, Télécommande, Localisation) avec la lourde tâche de mettre au point les transpondeurs en bande S dont l'émetteur connaît quelques difficultés techniques.

L'organisation reste inchangée en ce qui concerne les deux autres Services : Hyperfréquences avec Pierre Fraise et Antennes avec Bruno Vidal Saint-André.
 

Les Services Industriels à Vélizy et à Meudon


La réalisation des satellites a toujours été une aventure à haut risque à cause de la quasi-impossibilité d'intervention en cas de panne en orbite.

Pour éviter les défaillances et, le cas échéant, être en mesure d'en analyser les causes, il a fallu mettre en place des méthodes de fabrication appropriées, inspirées des principes suivants :

- utiliser des matières et des composants dont l'origine et les caractérisques sont connues et vérifiées ;

- choisir des technologies qui ont déjà fait la preuve de leur fiabilité ou, à défaut, apporter cette preuve par une série de tests de qualification ;

- décrire, dans leurs moindres détails, les procédés de fabrication, de contrôle, de réparation, etc. ;

- intervenir à chaque stade avec des personnes qualifiées et vérifier périodiquement leurs aptitudes ;

- conserver une trace écrite de toutes les interventions effectuées au cours de la réalisation des matériels («traçabilité»).
 
 

Tout en respectant l'esprit de ces règles, les premières réalisations d'équipements sont généralement effectuées au laboratoire, par l'équipe technique ayant conçu le matériel, et avec le concours de quelques agents de fabrication sélectionnés sur leurs aptitudes.

Le câblage a toujours fait l'objet d'une attention particulière en raison du risque de fragilisation des composants au cours de leurs manipulations et de mauvaises soudures. Au début, le CNES assure lui-même le contrôle visuel de tous les équipements, selon des critères que peu de câbleurs sont à même de satisfaire.

Le regroupement des activités spatiales à Vélizy en 1968, l'arrivée des grands programmes Symphonie et Intelsat IV et, peu après, la création, en 1970, du Département Espace-Satellites (ESA) conduisent progressivement à la mise en place de moyens de fabrication spécifiques.

Dans un premier temps, la Division MAS construit une salle «blanche», à la demande de Hughes Aircraft, maître d'oeuvre d'Intelsat IV. On appelle salle blanche un local dont l'atmosphère est contrôlée en température, humidité et teneur en poussières. Les caractéristiques de la salle blanche de Vélizy sont excellentes et probablement en partie superflues. Elle est notamment équipée de sas individuels de dépoussiérage du personnel qui rendent son accès très lent.

Les technologies utilisées pour les programmes européens sont assez classiques : soudures à l'étain sur picots pour les émetteurs et récepteurs, sur circuits imprimés pour les équipements digitaux. Par contre, Hughes a développé, pour ses équipements digitaux, une technologie originale dans laquelle, jugés peu fiables surtout dans leur version multicouche, les circuits imprimés sont remplacés par des grilles de nickel isolées entre elles, les composants y étant connectés par soudure électrique.

Contrairement à la soudure à l'étain, dont la fiabilité n'est acquise qu'avec des câbleurs particulièrement doués et entraînés, la qualité d'une soudure électrique réside avant tout dans le réglage des machines et dépend peu de l'opérateur.

Après réglages et essais électriques, les équipements sont remplis de mousse de polyuréthane pour améliorer leur résistance aux vibrations.

À la Division MAS, les moyens affectés aux fabrications spatiales sont rattachés au Département Production de la Division qui éprouve quelques difficultés à s'adapter aux contraintes du domaine spatial.

Lors de la création du Département ESA, il est décidé de lui attribuer ses propres moyens d'études, de fabrication et d'essais. Ces moyens restent, dans une première phase, implantés à Vélizy. En février 1974, ils sont transférés dans un bâtiment nouvellement construit dans le centre de Meudon où ils occupent une surface de 8 000 mètres carrés.

Le Service Fabrication du nouveau Département est confié à Francis Violet qui a coordonné les travaux de fabrication des équipements d'Intelsat IV et de Symphonie. Il est assisté de Jean Angot pour la mécanique.

Le Service Fabrication comprend :

- une salle blanche suffisamment vaste pour recevoir la plupart des activités de fabrication que l'on peut considérer comme propres, ainsi que les réglages et essais électriques. Cela est nécessaire pour éviter de sortir et de réintroduire plusieurs fois les équipements en cours de réalisation et de risquer ainsi de les polluer et de contaminer la salle ;

- un atelier d'usinage équipé de machines traditionnelles suffisantes pour réaliser, en petites quantités, de la tôlerie fine, des châssis fraisés, etc., en aluminium, voire en magnésium lorsque le poids est très critique ;

- un atelier de «potting» pour enrober les composants dans les châssis, avant les essais d'environnement ;- un atelier de traitements électrolytiques réalisant surtout la dorure sur alliages légers qui nécessite des méthodes et un soin particuliers pour atteindre la qualité spatiale. L'histoire de cet atelier est traitée plus loin.
 

La salle blanche de Meudon

En salle blanche se trouve également un atelier de microélectronique hyperfréquence sérigraphiée sur céramique, rattaché au laboratoire hyperfréquences de Marcel Palazo. Cette technologie a été développée à la Division MAS pour des applications militaires et l'on espère bien pouvoir l'utiliser un jour en orbite. Sa qualification spatiale sera acquise plus tard à l'occasion de la réalisation de récepteurs en bande Ku pour la société américaine TRW dans le programme TDRSS.

Le Service Fabrication se consacre uniquement à la réalisation des modèles d'identification, de qualification et de vol fabriqués sur dossiers de plans. Il existe également au Département un Atelier maquettes dont le responsable, Pierre Coureau, est rattaché au Bureau d'Études. Cet Atelier est composé de «super techniciens» d'atelier ayant reçu, de la part de la Division MAS, une formation théorique polyvalente et la qualification professionnelle de «prototypistes».

En fait, l'organisation de la fabrication à ESA et DSP est assez classique, à l'exception des services de contrôle visuel et de contrôle dimensionnel qui sont rattachés au Service Qualité. Cette organisation est normale pour des activités spatiales mais elle engendre des difficultés et parfois de l'incompréhension entre les équipes. C'est pourquoi, lorsque le poste de chef du Service Qualité devient vacant en janvier 1975, il apparaît naturel de le confier à Francis Violet, en espérant que son expérience de la fabrication permettra d'atténuer ces problèmes. Jean Petrotchenko est alors nommé responsable de l'ensemble englobant la Fabrication, le Bureau d'Études et les Études Technologiques qui sont menées par Jacques Urien et Gilbert Hamard. L'Atelier de mécanique et l'Atelier maquettes, que beaucoup de prototypistes ont entre-temps quitté pour d'autres activités, sont rassemblés sous l'autorité de Pierre Coureau.

C'est dans cette nouvelle configuration que le Département DSP développe la technologie des filtres hyperfréquences en fibres de carbone. En bande Ku, à 12 ou 14 GHz, les filtres sont habituellement réalisés en Invar pour assurer leur stabilité dimensionnelle, l'emploi de feuilles minces permettant d'en limiter la masse à des valeurs acceptables. Par contre, en bande C, à 4 ou 6 GHz, les dimensions des filtres triplent et l'utilisation de l'Invar, avec les moyens disponibles à l'époque, conduirait à des masses généralement trop élevées.

La fibre de carbone, associée à une résine appropriée, possède à la fois une bonne stabilité dimensionnelle et une faible densité. Un filtre hyperfréquence étant constitué de cavités, il faut d'abord réaliser des mandrins en aluminium aux dimensions internes des cavités que l'on souhaite réaliser puis les dorer et les recouvrir de fibre de carbone imprégnée de résine. Cette dernière est ensuite polymérisée sous vide et le noyau d'aluminium dissous dans un bain adéquat. On obtient ainsi un filtre léger et stable où la paroi interne des cavités est recouverte de la pellicule d'or qui assure les performances radioélectriques.

Les filtres en bande C des satellites Telecom 1 ont été réalisés selon ce procédé.
 

Les traitements de surfaces


Le premier atelier de traitement de surfaces utilisé pour des fabrications spatiales est créé en 1969 à Vélizy dans le cadre de la Division MAS.

Les premiers moyens, originaires du centre de Bezons, sont peu adaptés au traitement des matériels spatiaux. En octobre 1969, pour assurer la conformité aux normes édictées par Hughes Aircraft dans le programme Intelsat IV, il est nécessaire d'acquérir des matériels de traitement nouveaux et de modifier ceux qui existent déjà.

Outre les matériels spatiaux, l'atelier exécute des travaux pour d'autres unités de la Compagnie. Après une période de rodage, il obtient la qualification spatiale.

D'une surface d'environ 400 mètres carrés, il possède :

- une chaîne de préparation des surfaces : dégraissage, décapage ;

- une chaîne de cadmiage ;

- une chaîne de nickelage ;

- un stand de nickelage chimique ;

- un stand d'argenture-dorure ;

- un stand d'oxydation anodique.
 
 

Une station de traitement permet de traiter les rejets. Un laboratoire d'analyses est utilisé pour la mise au point des divers procédés.

Lorsque le Département ESA déménage vers le centre de Meudon, la question se pose de l'installation d'un atelier de traitement de surfaces dans ce nouveau centre. L'alternative est de procéder uniquement par sous-traitances, mais les contraintes imposées aux matériels spatiaux sont, à l'époque, si différentes de celles prévues pour les autres matériels qu'il apparaît nécessaire de doter le nouveau centre de ses propres moyens.

Des équipements analogues à ceux de Vélizy sont installés dans une surface de 200 mètres carrés au sous-sol du bâtiment occupé par le Département.

L'atelier de Meudon sera opérationnel de 1974 à 1985. Son chef est Bernard Sagot, assisté de trois opérateurs.

Afin de maintenir une charge de travail suffisante, l'atelier continue, comme à Vélizy, d'effectuer des travaux que lui sous-traitent d'autres unités de la Compagnie.

En plus de ses spécialités habituelles, il développe, à partir de 1981, en collaboration avec le Service Technologie dirigé par Jacques Urien, un procédé de dépôts métalliques sur fibres de carbone destiné aux filtres hyperfréquences et aux sources d'alimentation d'antennes qui sont mis en orbite sur les satellites Telecom 1.

Entre 1981 et 1985, il met au point un procédé d'argenture des filtres hyperfréquences en Invar permettant l'utilisation du dépôt d'argent et de cuivre pour souder les pièces entre elles.

À partir de 1981, l'équipe de Meudon commence à préparer la future implantation à Toulouse en formant le personnel qui doit y être affecté et en mettant au point les cahiers des charges définissant les équipements à installer dans le nouvel atelier.

Après l'installation de ce dernier, et avant qu'il n'obtienne la qualification spatiale, l'atelier de Meudon continue d'exécuter les traitements de surfaces pour la Division Espace puis pour Alcatel Espace jusqu'en juin 1985, date à laquelle il cesse d'appartenir à la société.
 

L'atelier de galvanoplastie à Candie

Le nouvel atelier de Toulouse occupe une surface de 600 mètres carrés. Il est également de type modulaire et suivi d'une station de traitement des rejets de 400 mètres carrés ainsi que d'une tour de lavage des vapeurs avant rejet vers l'extérieur. La station de traitement est, au moment de sa création, l'une des plus modernes de la région Midi-Pyrénées. Elle est conforme à la norme ISO en vigueur. Le recyclage des eaux et la récupération des métaux lourds font largement appel à l'informatique pour mettre en oeuvre l'automatisme de fonctionnement, la gestion (disquette au lieu de papier) et un accroissement de la sécurité par élimination de l'erreur humaine dans la manipulation des vannes et des pompes.

Quelques procédés nouveaux sont mis au point, tels que le nickel chimique à haute teneur en phosphore pour améliorer l'isolement électromagnétique des équipements destinés au satellite Giotto (1985), la métallisation du titane T 40 qui donne lieu au dépôt d'un brevet (1986) et la dorure chimique autocatalytique qui permet de réaliser de fortes épaisseurs jusqu'à 5 µ (1996).

Des moyens de dépôts électrolytiques sur alliages de magnésium seront ajoutés aux installations à partir de 1996.

Au moment du plan social de 1985, le plan de charge de l'atelier de traitements a diminué d'une manière importante au point que ce dernier n'est plus rentable. Pour les mêmes raisons que celui de Meudon dix ans plus tôt, il est décidé de le conserver avec un effectif minimal et de rechercher des sous-traitances pour maintenir une charge suffisante. Dans l'environnement toulousain, ces sous-traitances ne peuvent venir que de sociétés extérieures et non pas d'unités du groupe comme à Meudon. Le chef de l'atelier, Serge Temprano, prend son bâton de pèlerin et finit par trouver suffisamment de clients parmi les entreprises de la région. Ces dernières seront très satisfaites de la qualité du travail effectué pour elles au point que, lorsque la charge de travail originaire d'ATES redeviendra normale, il s'avérera nécessaire de freiner l'activité de sous-traitance malgré la demande des clients.
 

L'arrivée à Toulouse


Le transfert à Toulouse du Département DSP, qui fait dès lors partie de la Division Espace (DES), coïncide avec une période de forte expansion qui, à l'exception de l'année 1985, ne cessera de se poursuivre d'année en année.

Les pages qui suivent vont refléter l'évolution rendue nécessaire par le passage d'une activité de production de matériels à l'unité ou en faibles quantités, que l'on qualifie à l'époque d'»artisanat de luxe», à une activité de plus en plus industrielle, avec des séries de plus en plus importantes et des efforts constants de standardisation.

Au début de 1982, la sous-Direction «Équipements», confiée à Pierre de Bayser, assure l'ensemble de la production des équipements avec les moyens suivants :

- les Laboratoires d'Études :

- Électronique numérique : Michel Hayard,

- Hyperfréquences : Pierre Fraise,

- Transpondeurs : Jacques d´Hollander,

- Technologie : Jacques Urien,

- Antennes : Bruno Vidal Saint-André ;

- le Bureau d'Études (BE) : Raymond Pache ;

- la Fabrication : Jean Petrotchenko ;

- les Moyens d'essais et Appareils de mesure : Jean-Pierre Machu.
 
 

Dans ce schéma, les «labos» font les études, conduisent le développement, assurent les réglages, les essais et la recette des équipements.

Le transfert de ces moyens vers Toulouse commence au milieu de 1982 et s'étend sur un an environ. Les affaires qui ont démarré à Meudon doivent s'y terminer (tel sera le cas de Telecom 1). On démarre à Toulouse la production d'équipements destinés à de nouvelles affaires : il en est ainsi pour Intelsat VI et Giotto, pris en charge dès leur début sur le nouveau site. Intelsat VI appelle une organisation plus industrielle que jusqu'alors car ce programme comporte un volume d'équipements assez important : une quarantaine de récepteurs de télécommunications en bande C et en bande Ku et des OMUX en bande C.

De 1982 à 1984, la production se répartit entre Toulouse et Meudon. L'équipe de fabrication vient essentiellement de CITEC, filiale de Thomson-CSF qui a dû procéder à d'importantes compressions de personnel. Le responsable en est Roland Borchi, assisté de Jean-Claude Choury et de Michel Willson.
 

La Direction des Études Nouvelles


Dans les années 1984-86, il apparaît essentiel d'aller au-delà de la structuration technique des laboratoires d'études existants, répondant mal à la fois aux impératifs d'innovation et aux aspects opérationnels des affaires.

En mai 1984, la Division Espace fait place à la nouvelle société Alcatel Thomson Espace. Michel Chaussedoux se voit confier la direction de la Division Équipements, nouvellement créée. Une de ses premières décisions est de mettre en place une Direction des Études Nouvelles (DEN) qui est confiée à Jacques Joseph, assisté de :

- Bruno Vidal Saint-André pour les antennes ;

- Daniel Parise pour les hyperfréquences ;

- Michel Hayard pour le domaine numérique.
 
 

La DEN est chargée dans un premier temps :

- de définir les sujets d'études les plus importants pour satisfaire les objectifs de la société ;

- d'essayer de convaincre les organismes d'État (CNET, CNES et autres) de la pertinence de ces études et donc de les financer en conséquence ;

- de prévoir l'autofinancement des sujets pour lesquels il n'a pas été possible d'obtenir de financement extérieur, mais néanmoins jugés fondamentaux pour l'avenir ;

- de la même manière, d'assurer le complément de financement sur les sujets insuffisamment pris en charge par les organismes extérieurs en raison des aléas et risques liés à toute étude tant soit peu innovante.
 
 

Cela revient en fait à couvrir par autofinancement les dépassements inévitables sur certains marchés d'études, sans créer de conflits avec le client et en lui donnant entière satisfaction, dans l'intérêt bien compris de la société.

On peut considérer qu'au fil des années 1986 à 1992 cette politique sera payante en ce qui concerne l'amélioration de la confiance de France Télécom et du CNES vis-à-vis d'Alcatel Espace.

La création de la DEN, dotée au départ de quelques moyens propres de réalisation, permettra de transformer ensuite les laboratoires en «lignes de produits» (LDP), responsables des études et du développement, dotés de bureaux d'études spécifiques, de moyens conséquents de fabrication des maquettes, de moyens d'essais, la fabrication restant seule sous-traitée à un organisme commun.
 

Les lignes de produits


En 1984, les Services Techniques, communément appelés «Labos», sont les suivants :

- Télémesure-Télécommande : Henri-Paul Brochet ;

- Hyperfréquences : Pierre Fraise ;

- Alimentations : Jean-Pierre Desné ;

- Antennes : Jean-Noël Giraudbit.
 
 

Le nouveau Service Alimentations est plus particulièrement spécialisé dans les alimentations de tubes à ondes progressives (TOP). Il a été créé afin d'acquérir une certaine indépendance vis-à-vis des deux fournisseurs habituels de ce type de matériel : la Division Tubes Électroniques de Thomson-CSF et AEG-Telefunken.

Jean-Louis Maury est chargé de la coordination de l'ensemble formé par :

- les Services Techniques ;

- le Bureau d'Études ;

- la Fabrication ;

- les Approvisionnements de composants.
 
 

Les chefs de projet d'équipements de l'époque de DSP sont devenus en 1982-83 des «Ingénieurs Responsables d'Équipements» (IREQ) qui font l'étude, supervisent l'établissement du dossier, assurent, le cas échéant, l'interface avec le groupe de projet, déclenchent le lancement en fabrication et effectuent les réglages et essais ou les font exécuter.

En 1985 sont créées les «Lignes de Produits» (LDP) et nommés des «Ingénieurs Responsables de Produits» (IRP). Un IRP a pratiquement les mêmes fonctions qu'un IREQ mais, dans sa ligne de produit, il dispose fonctionnellement, en plus des moyens de sa ligne, de personnel détaché physiquement du Bureau d'Études (dessinateurs) et de la Fabrication (agents de lancement-ordonnancement, opérateurs, agents de méthodes) pour étudier, développer, lancer en fabrication, régler et faire recetter les équipements dont il est responsable.

On attend de cette façon d'améliorer les délais de production. Cet objectif sera atteint d'abord partiellement. L'organisation n'atteint sa pleine efficacité que lorsque, le volume d'affaires ayant augmenté, chaque LDP dépasse un seuil de charge critique et évite le sous-emploi intermittent des moyens qui lui sont détachés ou affectés.

En 1989, les opérations d'essais-recette effectuées jusqu'alors dans les LDP sont confiées à un Département créé dans ce but.

L'objectif recherché est l'uniformisation des méthodes, la polyvalence des bancs de tests et leur automatisation pour les essais des équipements de toutes les LDP. C'est aussi l'optimisation des charges des techniciens d'essais. On veut enfin créer un centre de compétences en matière de réglages.

Les IRP se trouvent de ce fait déchargés de la réalisation directe des essais-recette. Comme, par ailleurs, le volume des études et l'emploi, qui se généralise, de moyens automatiques éloignent les IRP des tâches quotidiennes d'études, on officialise cet état de fait en décidant que les IRP ne feront que du «management», sur plusieurs équipements si nécessaire. Les IRP ne sont plus rattachés à une LDP, mais réunis en un groupe, le GIRP, placé sous la responsabilité d'un Directeur.

Il s'avère enfin utile de rationaliser les liens entre les IRP et les centres de travail qui participent à la réalisation des équipements, c'est-à-dire de créer des «portes d'entrée» compétentes empruntées par les IRP vers les Services.

C'est ainsi que, dans l'organisation matricielle résultant de l'expérience de plusieurs années, un IRP a comme interlocuteurs pour un équipement donné :

- un Ingénieur d'Étude Produit (IEP) ;

- un Ingénieur de Développement (IDEV) ;

- un Ingénieur de Fabrication (IRF) ;

- un Ingénieur d'Essais (IES) ;

- un Ingénieur Technologue (ITEL).
 

L'évolution de l'organisation et des moyens


Les années 1985 et 1986 représentent une phase importante du développement d'Alcatel Espace. Outre les nouvelles fonctions décrites ci-dessus, on continue de rechercher l'efficacité des méthodes de travail ainsi que l'adéquation des hommes à leurs postes.

C'est de cette époque que date l'introduction dans la production de méthodes de gestion industrielle s'appuyant sur des progiciels spécialisés qui, entraînant un bouleversement des habitudes, nécessiteront une longue adaption des esprits.

Ainsi, sous la supervision de Jean-Louis Maury, on implante Artemis ; outil de planification et de gestion prévisionnelle des affaires (charges, délais, chiffres d'affaires, etc.) et MIMS, progiciel de gestion de production (approvisionnements, lancement, ordonnancement).

En 1985 également, après une mûre réflexion coordonnée par Raymond Pache, le choix d'un système de conception assistée par ordinateur (CAO) mécanique se fixe sur CADAM/CATIA. C'est à la fin de cette même année que sortiront les premiers avant-projets réalisés avec CATIA.

Les activités de télémesure-télécommande et d'hyperfréquences sont rassemblées dans une seule ligne de produits baptisée Radiofréquences et placée sous la direction d'Henri-Paul Brochet.

Simultanément, un «Service Propositions et Devis» (SPP) est créé et placé sous la responsabilité de Pierre Fraise à qui l'on confie la mission de mettre en forme les devis résultant des estimations faites par la Production et les propositions commerciales.

C'est encore en 1985 que Guy Bertaud est appelé à la tête de la Fabrication.

Paradoxalement, c'est durant cette année 1985, qui voit se mettre en place les premiers éléments de l'ossature vraiment industrielle de la Production, que la Direction Générale est amenée à lancer un plan social dont la cause première se trouve dans une baisse alarmante des charges de travail. On connaît par ailleurs les remous provoqués par le plan social qui arrive à son terme vers le milieu de 1986.

En mai 1986, sous l'autorité de Michel Chaussedoux, promu Directeur Général Adjoint (DGA), est créée la Direction Industrielle (DI) qui couvre :

- la Fabrication : Guy Bertaud ;

- le Bureau d'Études : Raymond Pache ;

- la Technologie : Francis Maynadier ;

- les Moyens d'essais : Patrick Zemlianoy ;

- les Achats généraux : Nicolas Camerani.
 
 

En raison de l'importance des composants dans l'activité équipements, un service d'achats spécialisé dans ce domaine est mis sur pied au début de 1987. C'est le CAC, confié à Jean Sogliuzzo.

En octobre 1986, la Direction Industrielle est confiée à Paul Fournier et Jean-Louis Maury prend la direction du Département Équipements (DEQ), grand département technique, dont dépendent dorénavant les Lignes de Produits et le Service SPP.

Jacques Joseph est nommé Directeur Technique (DT), avec un rôle d'animation et de coordination fonctionnelle des études, celles-ci revenant opérationnellement à DEQ.

DEQ (Jean-Louis Maury), DT (Jacques Joseph) et DI (Paul Fournier) dépendent du DGA (Michel Chaussedoux).

Au milieu de 1988, Henri-Paul Brochet devient Directeur de DEQ en remplacement de Jean-Louis Maury qui part à Madrid avec le titre de Directeur Général Adjoint d'Alcatel Espacio, filiale d'Alcatel Standard Electrica. Claude Argagnon devient l'adjoint d'Henri-Paul Brochet, chargé notamment de superviser les IRP. Pierre Fraise est remplacé par Gérard Floury à la tête de SPP.

En 1989, dans le but de mieux maîtriser les interfaces entre plates-formes, charges utiles et équipements, on crée, au sein de la Direction Industrielle, un Service Architecture Mécanique et Thermique (AMT), doté d'importants moyens de simulation et confié à Jean-Noël Giraudbit.

Depuis 1985, les moyens de CAO se sont largement développés. En simulation mécanique et thermique, plusieurs logiciels ont été adjoints autour de CATIA. On a acquis MENTOR pour réaliser les schémas et l'implantation des circuits électroniques et l'on met en route des outils de simulation en hyperfréquences.

Ainsi, en 1989, à la suite de l'introduction de NASTRAN en informatique interne, le Service AMT est en mesure de modéliser des charges utiles complètes de satellites.

Depuis lors le progrès n'a pas cessé dans le domaine de la CAO. Des moyens de plus en plus performants se sont ajoutés, rendant possibles des simulations de tous ordres (rayonnements, compatibilité électromagnétique, conception des puces de MMIC ou microélectronique hyperfréquences intégrée monolithique…) et automatisant des travaux naguère manuels (routage de cartes, dossiers de définition, passage direct de la CAO au CFAO, y compris pour le contrôle des pièces…).

Les modifications d'organisation de 1988 et de 1989 conduisent à une nouvelle répartition des postes de responsables des Lignes de Produits dans le Département DEQ :

- Antennes : Serge Bertrand ;

- Radiofréquences : Gérard Floury ;

- Télécommande-télémesure-alimentations : Philippe Cabanne.
 
 

Le Service SPP est placé sous la responsabilité de Patrick Oudart.

Mis à part les changements de titulaires à divers postes, cette organisation de DI et de DEQ est conservée jusqu'en février 1991. À cette date, on fusionne ces deux Directions en une Direction Technique et de Production (DTP) qu'Henri-Paul Brochet est appelé à diriger. Simultanément est créée une Direction Centrale des Achats, confiée à Paul Fournier pour réunir les différentes cellules qui pratiquent les achats dans la société.

Depuis février 1991, DTP est le seul pôle industriel d'Alcatel Espace. Rebaptisée DI depuis 1994, elle fonctionne de la façon suivante : Henri-Paul Brochet est assisté de deux adjoints :

- Jean-Marc Pratx supervise la Fabrication (Michel Willson) avec notamment le Service Hybrides/MMIC (Pierre-Georges Maréchal), la Technologie (Augustin Coello Vera), le Service Configuration et Approvision­nements (Jean Sogliuzzo), le Groupe des IRP (environ douze) ;

- Claude Argagnon est Directeur de l'Ingénierie et assure la coordination fonctionnelle des études de la Direction Industrielle.
 
 

Le Directeur Industriel s'est rattaché :

- les Lignes de Produits dirigées respectivement par Gilles Duret, Gérard Floury et Patrick Oudart ;

- le Département Développement Industriel dirigé par Jean-Noël Giraudbit avec :

- les Bureaux de Développement,

- l'Architecture mécanique et thermique,

- le Bureau de Calcul ;

- le Département Intégration (DIN) de Philippe Cabanne ;

- le Département Essais, également de Philippe Cabanne.
 
 

Le rapprochement des moyens humains de ces deux derniers Départements a entraîné, par effet de synergie, une remarquable amélioration de leurs performances industrielles.

À la fin de 1993, à la suite du départ en retraite de Paul Fournier, la Direction des Achats a été confiée à Jean-Louis Maury.
 

Les investissements de production


L'évolution des techniques et des technologies mises en oeuvre durant près de trente ans est relatée plus loin dans deux chapitres qui leur sont spécialement consacrés. La mise en oeuvre de technologies de plus en plus performantes nécessite des moyens matériels de complexité croissante, notamment dans le domaine des précisions d'usinage, de revêtement, de positionnement qui, souvent, sont obtenues grâce à l'automatisation au moins partielle des machines.

Les principaux investissements de production réalisés dans ce but à Toulouse sont énumérés ci-dessous :

• 1983

- création des salles blanches de classe 100 000 pour le câblage et 10 000 pour la gravure ;

- mise en service de l'atelier de galvanoplastie, l'un des plus modernes de Midi-Pyrénées en matière de traitement des effluents ;

- machines d'électroérosion (fil et enfonçage) ;

- machine de découpe des substrats d'alumine (scie diamantée).
 
 

• 1986

- brasure en phase vapeur des composants passifs CMS.
 
 

• 1987

- usinage à grande vitesse (fraiseuse) employé initialement pour la réalisation de certains guides d'ondes des sources d'alimentation des antennes d'Eutelsat II ;

- tour de précision pour l'usinage des filtres ;

- machine de contrôle mécanique tridimensionnel IOTA (précision de 5 à 10 µ) ;

- laser d'ajustage de résistances ;

- création de l'atelier des hybrides. En deux ans, ont été mis en place :

- des machines ultrasoniques de connexion des fils d'aluminium de 25 µ et 125 µ,

- des machines de «parallel gap» pour la connexion des rubans d'or,

- des machines de thermocompression pour les fils d'or de 17 µ et 38 µ,

- des machines thermosoniques pour la connexion des rubans d'or 50 µ x 20 µ.
 
 
 
 
 
 
 
 

• 1988

- Centre d'Usinage Flexible (CUF) multipalette avec un magasin automatique qui améliore notamment la flexibilité de la fabrication des structures. Ce centre tourne en moyenne 21 heures par jour avec la présence d'un opérateur pendant 16 heures environ ;

- placement automatique des CMS ;

- STRIM 100 : progiciel d'optimisation des trajectoires des outils d'usinage ;

- acquisition d'une deuxième machine de découpe des substrats.
 
 

• 1989

- laser utilisé surtout pour la découpe des alumines et des métaux en réduisant de moitié le temps passé. Ce laser pourra servir dans l'avenir à souder l'aluminium, en particulier pour la fermeture d'hybrides multicavités ;

- bâti de pulvérisation sous vide permettant des dépôts de métallisation de 4 µ dans des trous d'un diamètre de 300 µ sur des substrats hyperfréquences. C'est maintenant la source unique de substrats métallisés vierges, après la défaillance du seul fournisseur qualifié ;

- microradioscopie télévisée, employée dans le contrôle des soudures et des brasures, ainsi que dans l'analyse de défaillances de certains types de composants (relais, fusibles, etc.) ;

- construction d'un second radôme sur la base d'essais d'antennes afin d'en augmenter la capacité.
 
 

• 1990

- machine autoprogrammable en mécanique par enregistrement des trajets d'outils sur un premier modèle ;

- machine de tribofinition (ébavurage).
 
 

L'atelier de mécanique à Candie

 
Salle de câblage classe 100 000 à Candie

• 1991

- deuxième machine autoprogrammable ;

- baie de mesures en champ proche pour les antennes ;

- dans le cadre de la technologie des MMIC :

- four de brasage des MMIC, sous atmosphère contrôlée, pour le report des puces,

- laboratoire de métrologie et de déverminage des puces (tests sous pointes, caractérisation dynamique des paramètres et «burn-in») ;

- remise à niveau de la commande numérique de la machine de contrôle IOTA pour permettre sa liaison directe avec la CAO.
 
 

• 1993

- opération de suppression des CFC (chlorofluorocarbones) : remplacement des machines de nettoyage en phase vapeur ;

- technologie «fine pitch» sur circuits imprimés : on adopte le pas de 0,3 mm.
 
 

• 1994

- investissements pour la production de série du programme Globalstar ;

- machine automatique thermosonique à reconnaissance de formes pour les soudages de rubans d'or sur les hybrides (temps divisé par deux) ;

- machine automatique de placement des CMS (environ 3 000 composants par heure).
 
 

Atelier detechnologie hybride à Candie

 
Poste de cablage microélectronique

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