5 - Les techniques et les technologies
Durant les vingt premières années de l'ère
spatiale à Thomson, à CSF et à Thomson-CSF, les impératifs
de fiabilité incitent les concepteurs de matériels à
prendre le minimum de risques en utilisant de préférence
des schémas de circuits déjà éprouvés
dans d'autres domaines, quitte à les adapter, en tant que de besoin,
à certaines caractéristiques des liaisons spatiales. La plus
grande partie des innovations sont faites non pas dans les circuits eux-mêmes,
mais dans leurs technologies de réalisation où les exigences
de poids et de fiabilité ne permettent pas de copier purement et
simplement ce qui se fait ailleurs.
Pour ces raisons, le présent chapitre, consacré aux techniques,
est moins détaillé que le suivant, qui traite des technologies.
Leur évolution y sera passée en revue dans les trois principaux
domaines d'activité de la société, dans l'ordre historique
: la télémesure-télécommande-localisation (TM-TC),
les antennes, les répéteurs de télécommunications,
en mentionnant également la visualisation du Spacelab, l'électronique
de SPOT, les radars d'ERS et le domaine numérique.
Afin de limiter les «redites», certains points techniques,
qui ont déjà été traités dans les chapitres
consacrés aux programmes de satellites, ne seront rappelés
ici que très brièvement.
La TM-TC
Les émetteurs et les récepteurs
La conception des premiers émetteurs et récepteurs
de télémesure et de télécommande fabriqués
par Thomson et par CSF pour les satellites de la série Diamant,
dans la période 1964-1970, est largement inspirée par celle
de divers émetteurs-récepteurs VHF portables à usage
militaire que produisent chacune d'elles.
Les bandes de fréquences utilisées sont 148-149,9 MHz
pour les liaisons montantes et 136-138 MHz pour les liaisons descendantes.
Les semi-conducteurs ne sont en usage que depuis peu d'années.
Tous les circuits sont à constantes localisées. La puissance
des émetteurs est de quelques watts.
Les mêmes techniques sont utilisées par Thomson pour les
satellites ESRO 1 et ESRO 2 (1965-1966) où sont fournis
de plus des duplexeurs VHF, toujours en circuits localisés.
Dans
HEOS
A1 et HEOS A2 (1966-1967), où les émetteurs, récepteurs
et duplexeurs sont largement dérivés de ceux des satellites
précédents, on voit apparaître un coupleur d'antenne
réalisé en «strip-line» sur Téflon ainsi
qu'un boîtier de mesure de distance utilisant trois tons harmoniques
déphasés.
Dans Eole, du CNES, programme contemporain d'HEOS A1,
les techniques et technologies de l'émetteur, du récepteur
et du duplexeur VHF restent inchangées. C'est également le
cas pour les matériels de TM-TC de Symphonie.
Le programme Eole voit d'autre part l'apparition d'un émetteur
et d'un récepteur UHF (émission à 464 MHz et réception
à 401 MHz) destinés au sous-système d'interrogation
des ballons. Le récepteur possède un dispositif de démodulation
cohérente. L'ensemble, étudié par l'équipe
CSF de Corbeville, est finalement fabriqué à Vélizy
après la fusion de Thomson et de CSF. Les techniques utilisées
y restent très voisines de celles mises en oeuvre pour la VHF.
Les programmes Intelsat II et Intelsat IV ne donnent lieu
à aucun développement technique. Ils se bornent à
une fabrication sur plans de matériels étudiés par
Hughes.
Après le satellite franco-allemand Symphonie (1969-1973),
le dernier programme où sont fournis des émetteurs et des
récepteurs VHF est GEOS, entre 1973 et 1975. Dans les deux
cas, ces équipements, ainsi que le duplexeur, sont semblables à
ceux d'HEOS.
Le premier émetteur en bande S (2 GHz) à l'état
solide est étudié et réalisé pour ce même
satellite GEOS. Sa puissance de sortie est d'environ 4 watts.
Le Service Hyperfréquences de Vélizy a déjà
acquis une certaine expérience dans cette bande au cours du programme
Helios
entre 1970 et 1973. L'émetteur d'Helios possède un
premier étage de sortie à l'état solide d'une puissance
de 1 watt et un second, d'une puissance de 20 watts, équipé
d'un tube à ondes progressives (TOP). La plus grande difficulté
de l'étude a été, comme il est exposé dans
le chapitre consacré à ce programme, de satisfaire aux exigences
concernant le temps de propagation de groupe dans les différents
circuits.
C'est dans ces émetteurs en bande S qu'est mise en oeuvre et qualifiée
pour l'usage spatial la technologie des circuits hyperfréquences
en sérigraphie sur substrat de céramique qui avait été
développée pour des autodirecteurs de missiles.
Le dernier émetteur «indépendant» de télémesure
en bande S, analogue à celui de GEOS, avant l'apparition
des transpondeurs cohérents, est fabriqué en 1976-1977 pour
le satellite ISEE B de l'ESA.
Les émetteurs et les récepteurs en bande C
Le programme Telecom 1 donne l'occasion de développer
un récepteur de télécommande en bande C (6 GHz) et
une balise de télémesure également en bande C (4 GHz).
Ces équipements sont prévus pour être utilisés
après la mise à poste du satellite. Leur conception modulaire
permet une adaptation aisée à tout satellite opérant
en bande C.
Le récepteur, équipé de son propre oscillateur
local, est raccordé à l'amplificateur à faible bruit
du récepteur de télécommunications. Son facteur de
bruit propre est de 8,5 dB.
La balise, dont la puissance de sortie est de 200 milliwatts, est connectée
à l'antenne d'émission du canal de télécommunications.
Les décodeurs de télécommande
Le premier décodeur de télécommande réalisé
à Gennevilliers en 1964 pour le satellite D1A du CNES utilise
la détection de trois fréquences vocales dont les combinaisons
permettent d'identifier huit ordres. Ses circuits à constantes localisées
sont équipés de transistors.
Dans ESRO 1 et ESRO 2, où le nombre d'ordres reçus
est plus important, les décodeurs utilisent des tons codés,
c'est-à-dire un embryon de ce qui, plus tard, sera qualifié
de technique numérique. Trois durées d'impulsions représentent
respectivement les bits 0 et 1 et la synchronisation. Ces impulsions modulent
le ton en amplitude.
Dans HEOS A1 et HEOS A2, le taux d'erreurs de bits (BER)
du décodeur est amélioré par rapport à celui
obtenu dans ESRO 1 et 2. La modulation est du type PSK (Phase Shift
Keying).
Depuis ESRO 1, le nombre d'ordres traités par les décodeurs
de télécommande augmente rapidement pour atteindre 140 dans
Symphonie.
Dans le décodeur de télécommande de GEOS,
d'une conception voisine de celui d'HEOS, on voit apparaître
les premiers circuits intégrés ainsi qu'une technologie d'assemblage
(MGM) dérivée de la technologie MICAM d'Intelsat IV.
Le même type de décodeur est réalisé, en
1975-1976, dans le programme ISEE B de l'ESA.
Un nouveau pas est franchi dans le satellite ISPM/Ulysses de
l'ESA (1980) pour lequel est développé un décodeur
entièrement nouveau utilisant un microprocesseur. Si la mise au
point des circuits ne présente qu'un minimum de difficultés,
il n'en est pas de même de la technique d'assemblage mécanique
qui donne lieu à quelques péripéties qui sont relatées
dans le chapitre consacré à ce satellite.
Spacelab
Dans le Spacelab, le service ES du Département ESA
(puis DSP) doit résoudre des problèmes techniques et technologiques
entièrement nouveaux pour lui et qui sont décrits dans le
chapitre consacré à ce programme. Les principaux circuits
de traitement des données et de visualisation sont étudiés
en coopération avec le Département Avionique Générale
qui réalise des matériels similaires pour les postes de pilotage
d'avions de combat. Les principales innovations sont liées à
la commutation de très hautes tensions (12 000 à 15 000 volts)
et au fonctionnement dans une atmosphère riche en oxygène
et en l'absence de gravité.
Les transpondeurs cohérents
À la fin des années soixante-dix, l'encombrement des
fréquences des bandes VHF réservées à la télécommande
et à la télémesure est devenu tel que les agences
spatiales décident de généraliser l'emploi de la bande
S (2 025- 2 110 MHz pour les liaisons montantes et 2 200-2 290 MHz pour
les liaisons descendantes).
Photo:
vue du transpondeur bande S de Telecom 1 (1ère
génération).
Pour assurer la fonction de mesure de distance au moyen de mesures de
phase sur des sous-porteuses harmoniques, il est nécessaire de maintenir
une cohérence de phase entre la réception et la réémission
de ces sous-porteuses.
Dans ISEE B, par exemple, la mise en oeuvre d'un émetteur
et d'un récepteur séparés a conduit à un matériel
relativement lourd.
Dès 1976, l'ESA a lancé un appel d'offres pour l'étude
d'un transpondeur cohérent en bande S afin d'obtenir un matériel
compact et relativement léger.
Suite à quelques péripéties qui sont relatées
au chapitre consacré au programme ISPM, qui voit la première
utilisation du transpondeur réalisé par ATES, la décision
est prise de développer ce qui est, pour le Département DSP,
le premier matériel destiné à être proposé
sur catalogue.
Pour permettre une transmission cohérente des signaux utilisés
dans la mesure de distance, l'émetteur est piloté par un
VCXO (Voltage Controlled Crystal Oscillator) asservi sur la porteuse reçue.
Dans sa version standard, le transpondeur dispose d'un émetteur
de quelques watts en bande S (5 ou 2,5), suffisant pour la plupart des
missions en orbite terrestre. Une version destinée aux sondes interplanétaires,
comme c'est le cas pour ISPM/Ulysses, possède, en plus, des
circuits de multiplication alimentant un étage de sortie à
TOP de 10 à 20 watts en bande X, afin d'assurer les communications
aux très grandes distances. La conception modulaire permet de passer
d'une version à l'autre avec une grande souplesse.
Quarante exemplaires de la première génération
de transpondeurs, dont le développement a commencé en 1978,
sont livrés à partir de 1983 pour les satellites Telecom
1, TELE X, ERS 1, Viking, TV-Sat 1 et 2, TDF 1 et 2, Eutelsat
II, Ulysses, Giotto, SPOT 1 et 2 et IOC.
À partir de 1988, le développement de la deuxième
génération est entrepris avec, comme objectifs, la réduction
des coûts de fabrication par une augmentation du niveau d'intégration,
une réduction des réglages et une recherche de récurrence
plus poussée. La conception des étages à fréquence
intermédiaire y est modifiée : l'ensemble de l'oscillateur
local et des multiplicateurs de fréquences y est remplacé
par un ensemble intégré comprenant un VCXO et des diviseurs
de fréquences. Les circuits intégrés y sont utilisés
à plus grande échelle et quelques ASIC sont introduits.
La fourniture d'une quarantaine de modèles est prévue
à partir de Telecom 2, SPOT 4, Helios, Hispasat, Soho, Cluster,
etc.,
le développement d'une troisième génération
étant envisagé à partir de 1994 en vue de réduire
les paramètres critiques (masse, consommation, volume).
Une anecdote vaut la peine d'être mentionnée : après
l'échec du lancement de Cluster par Ariane V le 4
juin 1996, sept transpondeurs sur les huit de la charge utile sont récupérés
dans la mangrove guyanaise. Deux d'entre eux, remis à ATES, sont
mis sous tension en laboratoire et manifestent un bon fonctionnement avec
des performances de puissance de sortie et de sensibilité de réception
très peu dégradées. Cela signifie-t-il que ces équipements,
qui ont résisté à une telle explosion, étaient
peut-être quelque peu surdimensionnés ?
Les antennes et leurs moyens d'essais
Les antennes
La première antenne de fabrication Thomson mise en orbite
est, le 26 novembre 1965, celle de la capsule technologique lancée
par le vol probatoire du premier lanceur Diamant. Les caractéristiques
en sont décrites dans le chapitre consacré aux débuts
de Thomson-Houston dans les activités spatiales. Il semble que cette
antenne ait été fortement endommagée au cours du lancement,
rendant impossible l'émission des signaux de télémesures.
À
partir de 1970, le Service Antennes du Département Espace-Satellites
étudie les premières antennes destinées à un
satellite de télécommunications : Symphonie.
L'antenne de réception à 6 GHz (avant
plan de la photo) est un cornet circulaire «corrugué»,
alimenté en coaxial, dont l'ouverture de faisceau de 18° assure
une couverture globale en polarisation circulaire droite avec un gain supérieur
à 16 dB en bordure de couverture.
Les
deux antennes d'émission à 4 GHz sont identiques. Chacune
d'elles a un gain supérieur à 19,5 dB dans une ouverture
elliptique de 14,4° x 9,3° (en regard des
réflecteurs sur la photo). Dans ce but, un cornet rectangulaire
illumine un réflecteur parabolique de forme approximativement elliptique.
L'émission se fait en polarisation circulaire gauche. La principale
difficulté de leur étude est d'optimiser le diagramme d'illumination
du réflecteur pour obtenir le gain spécifié dans toute
la zone de couverture.
Les technologies utilisées dans la fabrication des réflecteurs
de toutes les antennes évoquées dans ce chapitre ainsi que
dans celle des répartiteurs des antennes multisources sont décrites
dans le chapitre suivant qui traite des technologies en général.
Pendant une période rendue difficile par l'absence de commandes,
de 1974 à 1978, le Laboratoire Antennes ne reste pas inactif et
entame des études sur les antennes à faisceaux formés
dont le besoin est prévisible dans les futurs satellites de télécommunications.
Photo:
La 1ère source d'antenne bande C en fibre de carbone
(Brazilsat).
Dans le cadre d'une proposition pour le satellite brésilien Brazilsat,
une étude détaillée, suivie de la réalisation
d'une maquette, est entreprise pour la source primaire de l'antenne d'émission
à 4 GHz dont la zone de couverture doit épouser au mieux
les contours du territoire brésilien. Afin d'effectuer les calculs
nécessaires, le Service Antennes fait appel au logiciel PROFIL développé
par la Division Radars de Surface (DRS) de Thomson-CSF. La proposition
pour Brazilsat n'ayant pas été couronnée de
succès, l'antenne ne dépassera pas le stade de la maquette.
Sa source primaire, composée de neuf cornets hexagonaux, réalisés
en composite graphite-époxy, figure toujours au «musée»
du Laboratoire Antennes.
Dans les études et réalisations suivantes, qui commencent
en 1979 pour le satellite Telecom 1, les acquis de Symphonie
et de Brazilsat sont largement utilisés. Ainsi qu'il est
exposé dans le chapitre consacré à Telecom 1,
le cornet de réception en bande C et les deux cornets (émission
et réception) en bande X, tous trois à couverture globale,
sont déduits de ceux de Symphonie. Le diamètre de
leur ouverture est égal à trois à quatre longueurs
d'onde, et leur longueur hors tout est égale à huit à
dix longueurs d'onde. Leur gain atteint 20 dB dans l'axe et 16,8 dB en
limite de couverture.
L'antenne
à réflecteur semi-globale en bande C est alimentée
par une source multiple formée de cinq hélices. Afin de limiter
les pertes, la connexion à l'émetteur, prévue initialement
en coaxial, est finalement effectuée en guide d'onde. Chacune des
deux antennes à couverture de zone en bande Ku est faite d'un réflecteur
elliptique et d'un cornet d'alimentation rectangulaire. L'une d'elles a
en fait un cornet double permettant l'émission en bande Ku vers
la métropole et l'émission d'un pinceau fin en bande C vers
la zone Antilles-Guyane.
Brazilsat et Telecom 1 ont donné l'occasion au
Service Antennes de perfectionner le logiciel PROFIL en l'adaptant de plus
près aux besoins des antennes à couverture de zone.
Les antennes des satellites TDF 1 et TDF 2, conçues
à partir de 1980 pour être mises en orbite respectivement
en 1988 et 1989, profitent de ces améliorations. L'antenne de réception
fonctionne en bande Ka (18 GHz). Sa source d'alimentation est un simple
cornet circulaire corrugué. Son réflecteur, toujours fabriqué
en composite graphite-époxy, est circulaire, d'un diamètre
de deux mètres.
Photo:
source d'alimentation de l'antenne d'émission de TDF 1 en
bande Ku.
Il assure un angle d'ouverture relativement faible, les stations d'émission
des signaux de télévision et de télécommande
étant localisées dans une zone relativement réduite.
L'antenne d'émission multisource en bande Ku, qui doit couvrir les
pays francophones de l'Europe occidentale et permettre également
une réception acceptable en Afrique du Nord, possède neuf
sources en guide à section hexagonale. Son réflecteur a une
forme elliptique assez allongée (2,4 x 0,9 m).
En 1984, une menace d'interruption pèse sur l'activité
Antennes, le contrôle de gestion ayant constaté que sa rentabilité
laisse à désirer. Cette situation donne lieu à quelques
discussions. Certains suggèrent de fusionner les laboratoires Antennes
d'Alcatel Espace et d'Alcatel Telspace. En fait, ils ne se rendent pas
compte des différences fondamentales, aussi bien techniques que
technologiques, qui séparent les antennes destinées aux liaisons
point à point des faisceaux hertziens ou des stations terriennes
des antennes à faisceaux formés et à couverture de
zone de la plupart des satellites de télécommunications.
Finalement, le caractère stratégique de l'activité
Antennes peut être démontré : elle constitue l'un des
atouts majeurs dans les prétentions d'ATES à confirmer sa
vocation de maître d'oeuvre de charges utiles de satellites de télécommunications.
Les investissements relativement lourds qui y ont été consacrés
ont permis d'affirmer, vis-à-vis de la concurrence, une excellente
position qu'il serait très dangereux d'abandonner sans compromettre
les chances de la société dans son domaine de prédilection.
Un nouveau pas est franchi dans la technique des antennes à l'occasion
du programme Eutelsat II. Aussi bien dans l'antenne d'émission
que dans celle de réception, le besoin de reconfigurer par télécommande
la zone de couverture conduit à augmenter le nombre de sources d'alimentation
qui atteint la vingtaine. De plus, à l'émission et à
la réception, on utilise des polarisations linéaires croisées
pour contribuer à la séparation des canaux adjacents. Dans
ce but, chaque antenne possède un réflecteur en Kevlar à
double grille permettant une grande discrimination de polarisation (36
dB) et recouvert d'un écran thermique dichroïque.
Photo:
source d'alimentation d'antenne d'Eutelsat II en bande Ku.
Les puissances d'émission relativement importantes utilisées
dans Eutelsat II sont à l'origine de l'apparition de produits
d'intermodulation passive (PIMP), bien connus dans les faisceaux hertziens
mais nouveaux pour ATES dans les conditions du vide spatial. Les connaissances
s'enrichissent des procédés de maîtrise des PIMP et
de la mise en oeuvre des bancs d'essais correspondants.
Des techniques analogues à celles utilisées dans Eutelsat
II sont reprises dans le programme Telecom 2.
En 1987-1988, les premiers travaux sur les antennes actives sont engagés,
tant pour les futures antennes de télécommunications que
pour les applications militaires ou l'observation par radar. Ces études
permettent de mettre au point des amplificateurs de puissance à
l'état solide de haut rendement, les déphasages en amont
étant réalisés avec des circuits MMIC (microélectronique
hyperfréquences intégrée monolithique).
Le développement des sources actives, pleinement encouragé
par le CNES et l'ESA, dans un domaine où ATES a une avance incontestable
et fait preuve d'un grand volontarisme, avec des équipes compétentes
et motivées, marque une évolution majeure de l'activité
Antennes, en la rapprochant de l'activité Équipements et
en faisant progresser celle-ci.
Suite à la grande complexité atteinte par les sources
multiples d'antennes telles que celles d'Eutelsat II, un virage
technique est entamé à partir de 1991 pour revenir à
des sources primaires plus simples en utilisant des réflecteurs
formés. De nouveaux développements de logiciels de simulation
et de conception des réflecteurs sont lancés en 1992.
Les moyens d'essais d'antennes
Les premiers moyens d'essais utilisés au Département
ESA pour vérifier les diagrammes de rayonnement des antennes du
satellite Symphonie sont ceux qui sont déjà en exploitation
pour les activités de missiles. Sur la terrasse du bâtiment
de Vélizy, une base de mesures de quelques dizaines de mètres
est équipée, à une extrémité, d'un générateur
de signaux et d'une petite antenne, et, à l'autre, d'un plateau
tournant destiné à recevoir l'antenne à tester avec
un récepteur permettant de mesurer le niveau du signal à
la sortie de l'antenne.
Peu à peu, le dispositif se perfectionne pour aboutir à
un enregistrement automatique des diagrammes, c'est-à-dire du niveau
de la puissance de sortie de l'antenne en fonction de sa position angulaire.
Pour des mesures nécessitant une base plus longue, il est toujours
possible d'utiliser la base de la Division Radars de Surface, située
en région parisienne, à Limours. Ce sera le cas au cours
de l'étude des antennes de Telecom 1. À partir de
1984, des essais sur base longue sont également effectués
sur la base du CNET, à la Turbie.
Photo:
Candie en 1987 avec sur le bâtiment d'intégration, les 2 radômes
du laboratoire d'antenne, et au premier plan le pylône de la base
longue de mesure
Dès 1983, des moyens très performants sont mis en place
à Toulouse. Une base de mesures en champ lointain est aménagée
sur la terrasse du bâtiment d'intégration, le Laboratoire
Antennes étant installé au niveau immédiatement inférieur.
Un radôme pressurisé abrite un plateau tournant équipé
pour effectuer des relevés entièrement automatiques. Ce plateau
est monté sur une plate-forme qu'un vérin hydraulique permet
de faire descendre au niveau de la salle d'intégration.
Les débuts de cette installation sont marqués par quelques
incidents. Durant les essais en charge préalables à la réception
du vérin, le tube de ce dernier, au moment où la plate-forme
arrive au niveau du radôme, se met à «flamber»,
prenant une forme en S. Heureusement la plate-forme ne redescend que d'environ
1,50 mètre puis se bloque en position oblique. Les concepteurs en
sont quittes pour reprendre leurs calculs, ainsi d'ailleurs que la société
qui les a certifiés conformes aux normes de sécurité.
Plus tard, une partie des bancs d'essais sera détruite par la foudre.
Ces moyens évoluent constamment par adjonctions successives de
nouveaux systèmes de relevés automatiques et par la mise
en oeuvre d'une deuxième base d'essais, avec un deuxième radôme.
L'évolution des techniques de conception des antennes entraîne
par ailleurs une évolution corrélative des moyens d'essais.
Dès 1989-1990 plusieurs voies sont examinées simultanément.
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La chambre anhécoïde de Candie
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Le développement prévisible des antennes réseaux,
actives ou passives, rend nécessaire l'exécution de mesures
rapides et précises en champ proche. Cela impose à la fois
de grandes chambres anéchoïques, des bancs de positionnement
et de déplacement de sondes de mesure précis, rigides, et
de grandes dimensions (réseaux de sources de plusieurs mètres),
ainsi que le développement des logiciels correspondants.
Les investissements, très importants, s'étalent de 1989
à 1992-93 et l'on peut considérer qu'à cette date
ATES dispose d'ensembles de mesure correspondant parfaitement aux besoins
engendrés par les antennes réseaux, actives ou passives.
Parallèlement, la lourdeur des essais classiques sur base longue,
au niveau d'antennes complètes (ensemble source plus réflecteur),
les aléas propres à ces bases dus aux intempéries,
amènent à envisager l'utilisation de «bases compactes».
Une base compacte n'est autre qu'une base longue installée en chambre
anéchoïque, repliée grâce à des jeux de
miroirs, les effets parasites introduits par les miroirs étant corrigés
par des logiciels appropriés, paramétrés dans chaque
cas d'antenne par au moins une série de mesures en base longue.
Le développement d'une telle base au CNES (quoique ne répondant
pas à l'époque aux besoins d'ATES) est un obstacle à
la participation de celui-ci au financement d'une base à ATES. Parallèlement,
l'Aérospatiale engage de gros investissements à Cannes pour
s'équiper d'une base compacte. LORAL, de son côté,
s'est également équipé.
Compte tenu de l'importance des investissements matériels et
logiciels engagés par ATES pour les bases en champ proche, qui sont
prioritaires, le projet de création d'une base compacte est mis
en sommeil en 1992. Il y a lieu de remarquer que la base compacte est plus
nécessaire à ceux qui font des essais sur des satellites
complets qu'à ceux qui étudient et construisent les seules
antennes. C'est pourquoi les ensembliers, maîtres d'oeuvre de satellites,
sont les premiers à s'en doter. La progression continue des responsabilités
d'ATES dans le domaine des satellites rendra nécessaire l'accès
à ce type de moyen d'essais, in situ ou autrement.
Les répéteurs de télécommunications
Les premiers travaux sur des répéteurs de télécommunications
sont exécutés dès 1968 en vue du programme Symphonie
par des ingénieurs de Thomson et de CSF qui commencent par s'affronter
sur ce que doit être le schéma des répéteurs.
D'un côté on préconise l'utilisation de schémas
et de composants déjà éprouvés dans les matériels
de faisceaux hertziens, de l'autre on veut introduire des méthodes
et des composants d'avant-garde tels que, par exemple, une diode Schottky
dans le mélangeur de réception. Ces querelles s'apaisent
lorsque, après la fusion de Thomson et de CSF et l'opération
de «symétrisation» du programme, le schéma retenu
pour les répéteurs est finalement celui proposé par
la société allemande Siemens.
Thomson-CSF se voit attribuer la responsabilité de la réalisation
des oscillateurs locaux et des mélangeurs d'émission. Les
études de maquettes sont effectuées par la Division DFH,
le Département ESA prenant la suite pour réaliser les modèles
suivants, des modèles d'identification aux modèles de vol.
La charge utile du satellite est composée de deux répéteurs
en bande C (6/4 GHz), d'une largeur de bande de 90 MHz et réglés
sur deux fréquences différentes. L'oscillateur local, qui
est le seul élément redondant, est commun aux deux chaînes
de réception et d'émission. À partir d'un maître
oscillateur suivi de circuits multiplicateurs délivrant une fréquence
de 2 225 MHz, un multiplicateur par trois produit une fréquence
de 6 675 MHz destinée au mélangeur de réception, et
un multiplicateur par deux produit une fréquence de 4 450 MHz destinée
au mélangeur d'émission. De ce fait, les fréquences
intermédiaires sont différentes selon les chaînes.
Dans l'étude de l'oscillateur local le principal souci est d'assurer
la stabilité de fréquence d'une manière fiable. L'utilisation
classique d'un thermostat ne paraît pas, a priori, pouvoir
assurer une fiabilité suffisante. On se tourne vers l'utilisation,
dans les circuits, de composants (sensistors) à coefficients de
température judicieusement choisis. C'est l'un d'eux qui est la
cause la plus vraisemblable de la panne, survenue en vol, de l'oscillateur
local de Symphonie 1. Les circonstances de cette panne et les investigations
qui la suivront sont relatées dans le chapitre consacré à
Symphonie.
Le mélangeur d'émission, à simple diode, est d'une
conception classique dérivée de celle des matériels
de faisceaux hertziens de l'époque.
Les récepteurs
L'étape suivante, dans le développement des matériels
de répéteurs, est franchie, à partir de 1973, à
l'occasion des programmes de l'ESRO/ESA : OTS, MAROTS et MARECS.
C'est cette organisation qui finance les premières études
dans la bande Ku (14 GHz), donnant à l'industrie européenne
de l'époque une avance incontestable dans ce domaine.
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Récepteur large bande pour le satellite OTS
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Dans le récepteur d'OTS, dont la maquette est étudiée
à DFH et dont les modèles suivants sont réalisés
au Département ESA, la principale innovation technique est celle
d'un mélangeur symétrique à récupération
de fréquence image, permettant une amélioration du facteur
de bruit par rapport à celui d'un mélangeur conventionnel.
Le même type de récepteur, à quelques détails
près, est fabriqué pour le satellite MAROTS qui ne
sera jamais lancé, l'Agence ayant entre-temps décidé
de passer à la bande C pour cette catégorie de satellites.
C'est pour les récepteurs d'OTS qu'est mise au point et
qualifiée pour l'usage spatial la technologie des circuits hyperfréquences
en couches minces obtenues par évaporation sous vide.
Les performances du mélangeur qui peut, dans certains cas, permettre
de faire l'économie d'un amplificateur paramétrique à
l'entrée du récepteur, sont largement à l'origine
de l'obtention, en 1977, d'un contrat pour la fourniture à la société
TRW de soixante-dix récepteurs destinés aux satellites TDRSS
construits pour la NASA. Ces récepteurs sont conçus pour
fonctionner dans cinq bandes de fréquences réparties entre
14 et 15,2 GHz. Ils comprennent un mélangeur à très
faible facteur de bruit, un amplificateur à fréquence intermédiaire
(0,6 à 1,6 GHz), un amplificateur et un multiplicateur de la fréquence
de l'oscillateur local, ce dernier ne faisant pas partie de la fourniture.
Pour les circuits de microélectronique, les couches épaisses
sérigraphiées sont encore utilisées.
De 1978 à 1982 la famille des récepteurs dérivés
de ceux d'OTS est, moyennant quelques adaptations, utilisée
pour les cinq satellites successifs de la série ECS, puis
pour Telecom 1 entre 1980 et 1983. Dans ces deux programmes, les
amplificateurs paramétriques d'entrée sont approvisionnés
à l'extérieur. Ils sont suivis, dans chaque récepteur,
d'un étage d'amplification équipé d'un transistor
à effet de champ qui précède le mélangeur.
Alors que, dans OTS et dans ECS, la fréquence intermédiaire
est d'environ 1 GHz, le récepteur de Telecom 1 convertit
directement les signaux reçus dans la bande des 14 GHz en signaux
à la fréquence de réémission dans la bande
des 12 GHz.
Le programme MARECS, décidé par l'ESA en 1978 pour
remplacer MAROTS, donne l'occasion au Département Espace-Satellites,
devenu DSP, de reprendre pied dans la bande C où il n'a eu aucune
activité depuis Symphonie. L'étude du récepteur
de MARECS consiste largement en une transposition des techniques
et des technologies mises au point au cours des années précédentes
pour la bande Ku.
Ce récepteur est reproduit, avec quelques améliorations,
pour Telecom 1 en vue d'en faire un matériel de catalogue.
Il comprend un préamplificateur à faible bruit, d'un facteur
de bruit inférieur à 4 dB, un mélangeur 6/4 GHz et
un oscillateur local piloté par quartz, avec un bloc d'alimentation
pouvant s'adapter à une alimentation du satellite régulée
ou non.
Dans Intelsat VI, à partir de 1982, le Département
DSP, qui fait désormais partie de la nouvelle Division DES, met
en oeuvre les acquis de tous les programmes précédents, car
il doit fournir des récepteurs en bande C, des récepteurs
en bande Ku et des OMUX en bande C dont il sera question plus loin. Les
récepteurs ont semblé, au départ, pouvoir être
dérivés sans trop de difficultés de ceux déjà
développés pour Telecom 1. En fait l'obtention des
performances requises, en particulier celle du facteur de bruit, nécessite
un certain nombre de reprises de détails dont la mise au point est
assez longue.
Avec TDF 1, un nouveau pas est franchi pour opérer en
bande Ka (17,3-18,1 GHz). Le récepteur dans cette bande utilise
un préamplificateur équipé d'un transistor à
effet de champ suivi d'un mélangeur à diode Schottky fournissant
directement la fréquence de réémission à 12
GHz.
La ligne de produits des récepteurs en bande Ku continue avec
les programmes Eutelsat II, puis
Telecom 2, avec une évolution
recherchant la réduction des coûts et des délais de
livraison.
Dans le programme Artemis, ATES commence le développement
de nouveaux éléments de récepteurs fonctionnant en
bande Ka : préamplificateurs à faible bruit et convertisseurs
de fréquences.
Les filtres
Le programme OTS fournit également l'occasion à la
Division DFH et au Département ESA de donner naissance à
une ligne de produits dans le domaine des filtres hyperfréquences.
Dès le début des années soixante-dix, la Division
DFH a entamé la mise au point de programmes de conception assistée
par ordinateur (CAO) pour le calcul de ces filtres. Ces programmes sont
mis en oeuvre en particulier dans le domaine des filtres démultiplexeurs
de canaux (IMUX) placés à la sortie des récepteurs
à large bande des répéteurs de satellites, ainsi que
dans celui des filtres multiplexeurs de canaux placés à la
sortie des émetteurs (OMUX).
Dans OTS, le Département ESA, avec l'assistance de la
Division DFH, fournit l'ensemble multiplexeur de sortie en bande Ku (12
GHz) qui rassemble, pour les envoyer vers l'antenne d'émission :
- deux canaux d'une largeur de bande de 40 MHz chacun;
- deux canaux d'une largeur de bande de 120 MHz chacun;
- deux canaux d'une largeur de bande de 5 MHz chacun, destinés
à des essais de propagation et à des transmissions à
bande étroite.
Dans la série des cinq satellites ECS, construits à
partir de 1978, les OMUX, réalisés au Département
DSP (ex-ESA), toujours avec l'assistance de DFH, sont beaucoup plus complexes.
L'ensemble des répéteurs comprend neuf canaux fonctionnant
simultanément, chacun d'une largeur de bande de 80 MHz, avec un
système de commutation permettant d'activer, en cas de besoin, trois
TOP supplémentaires placés en redondance.
Les filtres élémentaires sont faits de cavités
cylindriques bimodes couplées entre elles par des iris, avec les
entrées et les sorties en guide rectangulaire. Pour le démultiplexage
ils sont couplés par iris à un manifold en guide rectangulaire.
Le matériau utilisé est l'Invar.
Dans Telecom 1, aussi bien pour les OMUX que pour les IMUX, les
techniques utilisées sont très voisines. Deux IMUX séparent
respectivement les trois canaux pairs et les trois canaux impairs en bande
Ku, chacun d'une largeur de bande de 36 MHz. De même, deux OMUX rassemblent
respectivement les canaux pairs et impairs pour les envoyer vers deux antennes
différentes. Le matériau utilisé pour leur construction
est l'Invar. Pour la bande C, deux IMUX traitent respectivement les signaux
des canaux pairs et impairs. Trois d'entre eux sont ensuite repris par
un OMUX avant d'être appliqués à l'antenne dite semi-globale.
Le quatrième passe par un simple filtre passe-bande avant d'être
envoyé vers un cornet faisant partie de l'une des antennes d'émission
en bande Ku. Deux de ces canaux ont une largeur de bande de 40 MHz et les
deux autres une largeur de 120 MHz. À cause des contraintes de poids,
les IMUX et les OMUX en bande C sont réalisés en matériau
composite à base de fibres de carbone.
Les IMUX de TDF 1 et de TDF 2, qui doivent séparer
cinq canaux de 40 MHz chacun à 12 GHz, sont d'une conception analogue
à ceux de Telecom 1.
Dans Intelsat VI, les OMUX donnent l'occasion d'utiliser, pour
la première fois, une technologie de l'Invar mince pour laquelle
un brevet vient d'être déposé. Leur développement
ne donnera lieu à aucune difficulté particulière.
Dans Eutelsat II et Telecom 2 apparaissent des multiplexeurs
à canaux adjacents dans la bande des 12 GHz alors que dans Telecom
1 les multiplexeurs traitent séparément les canaux pairs
et les canaux impairs.
Telecom 2 voit également la mise en oeuvre, dans la bande
des 4 GHz, d'un type nouveau de démultiplexeurs à résonateurs
diélectriques.
Les amplificateurs de canaux
Les
premiers amplificateurs de canaux (Channel Amp.) sont étudiés
pour Telecom 1. Placés à la sortie de l'IMUX en bande
Ku, ils amplifient les signaux à 12 GHz à un niveau suffisant
avant de les envoyer vers les étages amplificateurs de sortie à
TOP. Ils utilisent des transistors à effet de champ. Des amplificateurs
analogues seront réalisés pour TDF 1.
Le programme Eutelsat II qui suit donne l'occasion de nouveaux
développements, en particulier dans le domaine de la technologie
des couches minces. Les amplificateurs de canaux développés
pour ce programme seront, grâce à leur succès, une
véritable rampe de lancement pour l'activité équipements,
car ils démontrent qu'à cette époque la prise de risques
liée à l'innovation est devenue beaucoup plus payante que
le confort de l'immobilisme.
C'est ainsi que, sur un point aussi fondamental que la technologie de
base des hyperfréquences, ATES est le premier qualifié par
l'ESA pour les amplificateurs de canaux.
Ces amplificateurs, aussi bien en bande Ku qu'en bande C, sont devenus
l'un des produits phares de la société, vendus dans de nombreux
programmes : Arabsat, Turksat, Hot Bird, Nilesat, etc. D'après
Espace
Info, le millième doit être livré en 1998. L'évolution
de leurs technologies de fabrication est exposée au chapitre suivant.
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Les générations successives d'amplificateur de canaux
ou CAMP.
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Les amplificateurs de puissance
Une étude fut faite, en 1974, d'un étage de puissance
à l'état solide en bande L (1,5 GHz) en prévision
du programme MAROTS. À cette époque, la puissance que l'on
pouvait espérer obtenir des transistors disponibles sur le marché
dans cette bande de fréquences ne dépassait pas quelques
watts (10 au maximum). Pour obtenir les 50 watts requis, l'étude
consista à mettre au point les circuits hybrides de couplage permettant
de mettre en parallèle un nombre suffisant de transistors. La construction
de la maquette fut interrompue après que le maître d'oeuvre
de la charge utile eut décidé de fournir lui-même l'émetteur.
PHOTO
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Maquette du premier amplificateur de puissance en bande L (1550
MHz) à l'état solide - 50 watts (1974)
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Par la suite, DSP ne tentera pas, avant les années quatre-vingt,
de pénétrer dans le domaine des amplificateurs en bande C
ou en bande Ku. Ces derniers utilisent des tubes à ondes progressives
fournis par Thomson-CSF, AEG-Telefunken, Hughes ou Watkins-Johnson. Les
mêmes sociétés peuvent fournir les alimentations associées
(EPC) et donc les amplificateurs complets (ATOP). Les unités successives
DSP, DES et ATES leur achètent les ATOP nécessaires pour
équiper les répéteurs dont elles ont la responsabilité.
À l'occasion du programme TELE X, un dispositif «linéariseur»
d'ATOP est développé. Ce circuit effectue, sur le signal
entrant dans l'amplificateur, une précorrection destinée
à corriger les non-linéarités introduites dans la
transmission par le TOP.
C'est pour les satellites Telecom 2 que sont étudiés
et réalisés les premiers amplificateurs de puissance en bande
C (4 GHz) à l'état solide.
Le développement d'amplificateurs de puissance de 30 watts à
l'état solide fonctionnant en bande S (2 GHz) est entrepris en 1993
pour le programme Artemis.
Les répéteurs complets
Si l'on excepte les exercices de conception d'ensemble faits à
l'occasion de la proposition de Symphonie et de celle d'Aerosat,
les premiers travaux de définition et de réalisation d'un
ensemble de répéteurs sont exécutés et menés
à leur terme au cours du programme Telecom 1.
Comme il est dit dans le chapitre consacré à ce programme,
il faut faire cohabiter dans un même satellite trois répéteurs
fonctionnant dans trois bandes de fréquences différentes,
C, X et Ku, sans compter la TM-TC en bande S. Il s'agit en quelque sorte
d'une «première mondiale» en la matière.
Un gros travail de simulation est nécessaire pour définir
le plan de fréquences en évitant, dans la mesure du possible,
tout risque d'interférences.
Les répéteurs en bande X sont entièrement sous-traités.
Dans les autres bandes, outre les récepteurs, les IMUX et les OMUX,
dont il a été question plus haut, des amplificateurs de canaux
à l'état solide sont développés pour alimenter
les étages de puissance à TOP en bande Ku.
Les répéteurs suivants où le département
DSP est maître d'oeuvre sont ceux de TDF 1, bien qu'il ait
fallu, à cause de TV-Sat, discuter âprement de leur
conception avec le partenaire allemand ANT. Outre les équipements
déjà mentionnés ci-dessus, DSP étudie et réalise
les amplificateurs de canaux à 12 GHz à l'état solide.
Les autres équipements de l'ensemble répéteurs sont
développés par ANT.
ATES poursuit son activité dans le domaine de la conception et
de la réalisation de sous-systèmes répéteurs
dans Telecom 2 (bandes C, Ku et X), dans IOC (bandes Ku et
Ka) et dans Turksat (bande Ku).
L'électronique de SPOT
Les caractéristiques générales des deux sous-ensembles
réalisés par DSP pour SPOT sont décrites dans
le chapitre consacré à ce programme.
Dans l'électronique HRV, les développements nouveaux portent
plus particulièrement sur la numérisation des signaux et
la mise au format des signaux fournis par les détecteurs des instruments.
Dans la télémesure charge utile (TMCU), plusieurs disciplines
sont mises en oeuvre, de l'électronique vidéo assurant divers
traitements, séquencements, mises au format, commutations et finalement
modulations de signaux en QPSK à 50 mégabits/seconde, jusqu'à
la génération des fréquences porteuses en bande X
et l'émission au moyen de TOP de 20 watts.
Les matériels de radars et les techniques numériques
Dans le programme ERS, qui s'étale de 1981 à
1989 pour ERS 1, puis de 1990 à 1993 pour ERS 2, DSP,
DES puis finalement ATES font connaissance avec plusieurs nouvelles techniques.
Après un certain nombre d'études «papier»
conduites à partir de 1973, les principales nouveautés techniques
mises en application dans le domaine spatial pour les matériels
qu'ATES est chargée de réaliser se trouvent dans le domaine
des circuits radiofréquences et dans celui des circuits numériques.
Dans la partie radiofréquences, il y a lieu de citer :
- l'utilisation de lignes dispersives à ondes de surface pour
étaler l'impulsion radar avant l'amplification de puissance et la
comprimer à la réception;
- la réalisation d'une enceinte thermostatée de haute
précision pour garantir la stabilité des performances;
- la réalisation de commutateurs en guide à ferrite pour
assurer la redondance des amplificateurs de puissance;
- la réalisation de limiteurs destinés à isoler
les récepteurs pendant l'émission de l'impulsion.
Une partie de ces développements sont sous-traités ou
effectués avec l'assistance d'unités spécialisées
du groupe Thomson. Le détail en est donné dans le chapitre
consacré au programme ERS.
À l'époque de ce programme, les technologies mises en
oeuvre jusqu'alors dans les circuits numériques ne sont plus compétitives.
Pour remédier à ce problème, et dans le cadre de la
coopération avec la Division AVS de Thomson CSF, qui a été
poursuivie dans le domaine des applications radar, la technologie CMS (Composants
Montés en Surface) développée par cette Division est
mise en oeuvre et transposée pour les applications spatiales. Les
détails en sont donnés au chapitre suivant consacré
aux technologies.
Ensuite, très rapidement, l'introduction de circuits ASIC de
haute densité amène à redévelopper une technologie
performante propre à ATES.
Il y a lieu de noter que, d'une manière générale,
la grande prudence des agences spatiales vis-à-vis des évolutions
technologiques est, au départ, un obstacle aux évolutions
rapides, seules capables d'assurer la compétitivité. En 1990,
la durée du cycle de qualification du CNES ou de l'ESA peut dépasser
la durée de vie compétitive des composants ou des technologies
concernés. Cette attitude évoluera ensuite, tant grâce
à la pression de l'évolution mondiale des technologies numériques
qu'à la réussite des premiers marchés pris par ATES
dans ce domaine.
L'introduction de ces nouvelles technologies, ainsi que des nouvelles
techniques mises en oeuvre, notamment en matière numérique,
ne peut se faire dans de bonnes conditions que grâce à la
mise en place progressive, dès 1985 :
- d'outils de conception assistée et de leur intégration
dans un ensemble cohérent de XAO mécanique, électrique,
thermique;
- d'outils logiciels d'essais automatiques;
- d'outils de calcul associés.
Il serait fastidieux d'énumérer tous les progiciels utilisés
qui évoluent et continueront d'évoluer sans cesse (cf. chapitre
sur l'informatique).
On peut simplement affirmer que la compétitivité d'Alcatel
Espace en tant que fournisseur d'équipements s'est affirmée
au fil du temps grâce à la simultanéité :
- de l'existence de structures adaptées : lignes de produits,
ingénieurs responsables de produits, système de suivi des
coûts et des délais (Artemis);
- d'une innovation permanente technique et technologique;
- de l'utilisation maximale des techniques de conception assistée
par ordinateur et d'outils de calcul dans un système global cohérent. |