6 - Les programmes de satellites
6.1 - Les satellites scientifiques
L'origine
du programme Poséidon se trouve dans une
mission scientifique française imaginée
par le CNES et destinée à observer la circulation
océanique et sa variabilité dans le temps
influençant les climats. Cette mission est intégrée
dans le projet Topex de la NASA. Six instruments,
dont l'altimètre Poséidon, doivent
permettre de relever la topographie précise de
la surface des océans.
En 1981, une étude de l'ESA constitue ce que l'on convient d'appeler
une phase zéro, avec un support du CNES pour les aspects concernant
la propagation et les allocations de fréquences. Une fonction annexe
de localisation de balises au sol par mesure du temps de propagation aller-retour
est envisagée et étudiée avec la collaboration de
LCT.
Cette étude est conduite par Jacques Richard, au sein du Service
Systèmes (SS2) dirigé par Jean-Claude Héraud, et se
termine en février 1982.
La phase A qui suit est essentiellement menée par le CNES qui
réalise une maquette de l'altimètre. La Division Espace y
fournit l'amplificateur de puissance à l'état solide en bande
Ku. Elle développe également, au titre d'un petit marché
d'étude, l'algorithme général d'asservissement de
l'altimètre à sa mesure, dit «algorithme de poursuite».
Yves Jaulhac est le responsable de ce dernier travail.
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L'altimètre de Poséïdon en cours d'intégration
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Le marché de la phase B est accordé de gré à
gré à Alcatel Espace (ATES), étant entendu que la
phase C/D à venir pourra faire l'objet d'une mise en concurrence.
Le CNES risque, dans une telle éventualité, de faire appel
à MATRA ou à Dassault.
Les
travaux commencent officiellement le 15 novembre 1985
pour se terminer le 15 septembre 1986. Pierre de Château-Thierry
en est le chef de projet et conservera cette fonction
jusqu'à la fin du programme. Toute l'équipe
qui y est affectée s'efforce de rendre impossible
la mise en concurrence, en exécutant une phase
B la meilleure possible et en prenant de l'avance sur
d'éventuels concurrents avec le développement
d'un simulateur (logiciel) de l'altimètre.
Après la soumission d'une proposition et quelques négociations,
le marché de la phase C/D est obtenu. Les travaux commencent le
10 juillet 1987 pour se terminer le 28 septembre 1990 avec la livraison
du matériel.
Cet équipement est un télémètre radar monofréquence
fonctionnant à 14 GHz, qui comprend deux boîtiers (hyperfréquences
et traitement) et un dispositif de calibrage. Il est réalisé
en technologie performante : amplificateur de puissance à l'état
solide, microélectronique (MIC), implantation haute densité
sur polyimide. Il est léger, de faible volume et de faible consommation,
souple d'utilisation et performant. La faible erreur instrumentale (bruit
RMS et erreurs lentes de l'ordre de 2 à 3 cm) permet d'excellentes
mesures d'altitude. L'antenne est commune et partagée dans le temps
avec le télémètre bifréquence américain
Topex. Les travaux de développement donnent lieu à un certain
nombre d'innovations techniques et technologiques : routage des cartes
de circuits imprimés, implantation des éléments sur
quatorze couches, disposition de drain enterré, partie hyperfréquences
composée de plus de cent circuits de microélectronique. Malgré
deux mois passés, au cours de la mise au point, à identifier
un défaut mécanique dans un circuit, l'altimètre est
livré dans les délais contractuels.
Le satellite Topex-Poséidon est placé, le 10 août
1992, par un lanceur Ariane, sur une orbite circulaire d'altitude
1 336 km et inclinée à 66°. Sa durée de vie estimée
est de cinq ans.
Le comportement et les performances en orbite de l'altimètre
Poséidon
donnent toute satisfaction, dépassant quelque peu les espérances
initiales. Ils constituent un bon potentiel pour l'avenir. Les seules anomalies
constatées sont attribuées à l'effet, sur certains
composants, des rayonnements relativement intenses à l'altitude
à laquelle évolue le satellite. |