6 - Les programmes de satellites
6.2 - Les satellites de télécommunication
En
1976, la NASA lance le programme TDRSS (Tracking and Data Relay
Satellite System) qui vise à mettre en orbite des satellites géostationnaires
destinés à servir de relais pour assurer les liaisons entre
une station centrale, située sur le territoire des États-Unis,
et ses satellites à moyenne et basse altitude dont, en particulier,
la navette spatiale. Ce système doit se substituer au réseau
de stations de poursuite, télémesure et télécommande
réparties autour du globe. Il est également prévu,
à bord du satellite, quelques canaux pouvant assurer des liaisons
de télécommunications classiques.
Après un appel d'offres lancé aux États-Unis, la
société TRW obtient le contrat pour la fourniture de six
satellites.
À la suite des contacts liés à l'occasion de la
proposition Intelsat V, les dirigeants de la Division «Space
Systems» de TRW ont remarqué la compétence acquise
par Thomson-CSF dans le domaine des récepteurs en bande Ku.
Le Département DSP est donc consulté, en concurrence avec
une société américaine, pour la fourniture de soixante
modèles de vol (dix par satellite) des récepteurs en bande
Ku qui doivent équiper les satellites.
Les solutions techniques mises au point par les laboratoires de la Division
DFH permettent à DSP de présenter une proposition très
compétitive, y compris sur le plan des prix, et l'affaire est gagnée
en 1977. Les performances du mélangeur permettent d'obtenir le facteur
de bruit demandé sans avoir besoin d'un préamplificateur,
ce que les concurrents ne savent pas faire à l'époque.
Les études de maquettes sont menées en collaboration par
les laboratoires Hyperfréquences de la Division DFH (Levallois)
et du Département DSP, sous les directions respectives de Pierre
de Bayser et de Marcel Palazo.
Après avoir réalisé et mis au point le modèle
d'identification et le prototype de qualification, on passe à la
fabrication. On s'organise pour une série dont on n'a pas du tout
l'habitude dans le domaine des satellites.
La cadence de livraison prévue pour tenir les délais finals,
compte tenu d'aléas éventuels, doit être proche d'un
exemplaire par quinzaine. Le premier modèle de vol est livré
fin septembre 1978. L'euphorie règne jusqu'à la mi-décembre,
avec quelques petites «différences d'opinion» inévitables
entre les concepteurs de DFH et les réalisateurs de DSP, ces derniers
reprochant en particulier aux premiers le nombre élevé de
vis de réglage et leur accessibilité pas toujours aisée.
Pour la première fois au Département DSP, des bancs de
tests automatiques sont assemblés et mis en oeuvre. C'est pour les
responsables des essais, dirigés par Jean-Claude Lestriez, l'occasion
de s'initier à des méthodes dont bénéficieront
les programmes futurs avec, comme premier exemple, Telecom 1.
Vers la mi-décembre 1978, le récepteur numéro huit
connaît quelques difficultés et, au bout de deux semaines,
les techniciens chargés de la mise au point ne sont pas parvenus
aux réglages optimaux.
Ce contretemps risque de retarder l'ensemble de la série et il
faut, malgré les réticences de certains, que la Direction
du Département décide elle-même de mettre le récepteur
numéro huit de côté et de passer sans délai
au numéro neuf. C'est une décision très inhabituelle
à DSP où les «séries» de matériels
fabriquées jusqu'alors n'ont jamais atteint le nombre de dix unités.
Il y aura quelques problèmes dans la mise au point du numéro
neuf, et ensuite la fabrication et les essais des autres modèles
se poursuivront sans incident notable.
En décembre 1979, on livre le quarantième modèle.
La dernière livraison est effectuée au début de septembre
1980 avec un mois d'avance sur les délais contractuels. Il a fallu
vingt-huit mois pour fabriquer et tester soixante modèles de vol,
soit une cadence moyenne de 2,15 par mois.
Ce programme, qui n'a pas permis de dégager une marge bénéficiaire
importante, a néanmoins contribué à assurer une charge
de travail acceptable, en pleine traversée du désert.
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Remise de prix annuel de TRW déstiné au meilleur fournisseur
de l'année 1980. De gauche à droite: Paul Bachar Jr. (Executive
Vice-President and General Manager West Coast Operations, Thomson-CSF),
John E. Peterson (Vice-President Director of Material and Administrative
Operations, TRW) et Jacques Chaumeron (Directeur du Département
Espace-Satellites de Thomson-CSF). |
L'exécution de ce programme n'a donné lieu à aucune
difficulté vis-à-vis du client, la société
TRW. Les chefs de projet qui se sont relayés au cours des deux années,
Maurice Dumas et Jean-Claude Lestriez, n'ont jamais été obligés
de mener une action «diplomatique» pour aplanir quelque difficulté
que ce soit.
Au début de 1981, et pour couronner le réel succès
de cette affaire, la société Thomson-CSF se voit décerner
par TRW le prix du meilleur fournisseur (Best Supplier Award) pour l'année
1980, distinction purement honorifique matérialisée par un
diplôme.
Le 19 février 1981, une délégation composée
d'André Lepeigneux, Directeur des Affaires Internationales de Thomson-CSF,
Jacques Chaumeron, Directeur du Département DSP, et Paul Bachar,
Directeur du bureau de Los Angeles de TCI (filiale commerciale américaine
de Thomson-CSF), reçoit le diplôme dans les locaux de TRW
à Redondo Beach (Californie).
Après le programme Helios, dix ans plus tôt, TDRSS
est le deuxième et brillant succès à l'exportation
pour le Département DSP.
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Montage TDRS sur étage IUS
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Roulage vers pas de tir
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Décollage navette avec TDRS 6
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Largage TDRS 4+IUS hors navette
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TDRS 3+IUS dans l'espace
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Crédit photos NASA
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