6 - Les programmes de satellites
6.2 - Les satellites de télécommunication
À partir de 1982, la Direction de la Division Espace commence à
examiner soigneusement ce que devra être la charge industrielle de
la Division après la fin du programme Telecom 1.
Les équipements de la troisième et dernière charge
utile de ce programme doivent être livrés aux équipes
d'intégration à la fin de 1983.
Les importants effectifs mis en place pour réaliser Telecom
1, TDF 1 et, bientôt, Intelsat VI, risquent de se trouver
en sous-charge à moyen terme s'il n'apparaît pas un autre
programme qui permette une activité suffisante en attendant un éventuel
programme Telecom 2.
L'idée germe de proposer un programme expérimental qui
aurait le double avantage d'éviter la sous-charge et de progresser
dans certaines techniques et technologies, telles que celles des antennes
à lobes formés étroits et celles des matériels
de répéteurs en bande Ka (20/30 GHz).
À la suite d'une concertation entre Thomson-CSF, d'une part,
et le CNES et la DAII (Direction des Affaires Industrielles et Internationales
des PTT), ces deux administrations proposent, en juin 1982, à l'Agence
spatiale européenne de présenter un satellite expérimental
de télécommunications comme passager sur le vol de démonstration
d'Ariane 4. Ce vol est prévu pour janvier 1986. Le satellite
proposé, d'une masse comprise entre 1 250 et 1 450 kilos, doit utiliser
une plate-forme construite par le groupement d'intérêt économique
Satcom-International (MATRA et British Aerospace) et dérivée,
avec quelques améliorations, de celle des satellites OTS, ECS
et MARECS. La charge utile, qui doit être fournie par la Division
Espace de Thomson-CSF, doit assurer deux missions: l'une opérationnelle
en bande C (4/6 GHz), l'autre expérimentale en bande Ka (20/30 GHz).
La charge utile à 4/6 GHz doit assurer une forte densité
du flux rayonné dans trois zones de service: la France métropolitaine,
la Réunion et une partie de l'Afrique. Dans ce but, elle doit comporter
huit répéteurs utilisant des TOP de 16 watts et des antennes
à lobes étroits et conformés.
La charge utile à 20/30 GHz doit comporter deux canaux descendants
et quatre canaux montants avec une matrice de commutation hyperfréquence
à 4 GHz. L'incorporation de commutateurs en amont et en aval de
la matrice doit permettre de faire fonctionner deux répéteurs
à 20/30 GHz en mode transparent. Cet ensemble doit, en particulier,
servir à des essais de propagation.
En 1983 et 1984, la Division Espace, qui devient entre-temps Alcatel
Espace, reçoit une quinzaine de marchés d'étude pour
les équipements de la charge utile 20/30 GHz et pour un module expérimental
à 20, 40 et 90 GHz destiné à effectuer des essais
de propagation.
Le montant total des douze marchés notifiés en 1983 est
d'environ 70 MF. Ils sont suivis, à la fin de 1984, par trois autres
pour un montant de 50 MF puis, au début de 1985, par un dernier
marché de 22 MF.
En parallèle avec le lancement de ces études, la DGT a
recherché une participation internationale pour aider au financement
des développements de la plate-forme et de la charge utile. La lenteur
de la mise en route du programme, à laquelle s'ajoute celle
des négociations en vue de cette participation, conduisent à
constater, vers la fin de 1984, que les délais de réalisation
dépasseront la date du premier lancement d'Ariane 4.
De plus, le rattachement budgétaire du CNES au ministère
des PTT entraîne des difficultés financières pour le
programme. Cela amène la DGT à reconsidérer ses objectifs
et, tout en maintenant un projet de mission expérimentale à
20/30 GHz, à décider que d'autres missions deviennent plus
urgentes que le renforcement des liaisons à 6/4 GHz.
Pour toutes ces raisons, le programme Athos est définitivement
arrêté au début de 1985. Néanmoins, les études
en cours sur le 20/30 GHz seront menées jusqu'à leur terme,
avec la réalisation de prototypes dits «aptes au vol»
des matériels suivants:
- amplificateur paramétrique à 30 GHz;
- mélangeur de réception (30 GHz/4 GHz);
- amplificateur 4 GHz à large bande;
- matrice de commutation hyperfréquence à 4 GHz.
En revanche, les autres lots des marchés en cours seront résiliés.
Un calculateur de bord est étudié et réalisé
avec Crouzet, et la Division Tubes Électroniques de Thomson-CSF
étudie un TOP de 15 watts à 20 GHz.
Si cette réorientation permet l'entretien des compétences
des équipes de Telecom 1, elle ne conduit pas, malheureusement,
à la réalisation concrète, en temps opportun, d'une
charge utile complète pouvant être exploitée en orbite.
En 1985, l'industrie française des télécommunications
spatiales ne dispose pas encore d'un potentiel suffisant dans la bande
20/30 GHz. L'arrêt, au début de 1985, des activités
industrielles sur le programme Athos contribue à dégrader
dangereusement le plan de charge d'Alcatel Espace pour les années
suivantes et sera l'une des causes du plan social qui sera mis en oeuvre
à partir de l'été 1985.
Les chefs de projet successifs à ATES sont Bruno Blachier, Jacques
Beaucher et Pierre Jaubert. |