6 - Les programmes de satellites
6.2 - Les satellites de télécommunication
Courant 1988, de grands espoirs sont fondés sur le développement
du marché de la localisation de mobiles. Il existe certes déjà
un marché opérationnel dans ce domaine, celui que s'est constitué
Inmarsat avec le repérage maritime; mais rien de convaincant n'a
été tenté quant au repérage terrestre, il est
vrai plus complexe car il s'agit d'un repérage en trois dimensions.
Pourtant, dans le domaine militaire, les Américains ont mis au point
Transit
depuis 1965, et ce système ira jusqu'à compter dix mille
utilisateurs civils en 1980 avant de devoir être abandonné
à cause de son manque de précision.
Les gros demandeurs de ce service sont les transporteurs routiers qui
souhaitent disposer d'un moyen de communication, de repérage et
d'aide à la navigation. Ils en attendent au moins deux points d'amélioration
de leur rentabilité nette par rapport au chiffre d'affaires. S'y
ajoutent les loueurs de voitures (vols, pannes
), les personnes en déplacement
(agents, représentants
) et pourquoi pas le transport sur rail (la
SNCF elle-même a engagé des études dans ce but), voire
la navigation aérienne.
C'est ainsi que trois opérateurs vont se lancer sur ce marché
dans le but d'être définitivement opérationnels vers
1990: Inmarsat (avec ses terminaux dits de norme C), Geostar Corp. (marché
US), et Locstar (projet initié par le CNES pour le marché
européen, l'Afrique et le Moyen-Orient). Alcatel Espace ne peut
pas ne pas être présent sur ce nouveau marché, mais
le coût des produits et la concurrence possible d'autres solutions
lui inspirent une certaine prudence.
Le projet Geostar
Dès le début de l'année 1988, Geostar Corp.
annonce qu'elle est prête à offrir les premiers services de
RDSS (Radio Determination Satellite Service). Le premier transpondeur est
mis en orbite en mars 1988 sur le satellite Spacenet IIIR. Fin octobre
de la même année, la société compte déjà
huit cents actionnaires. Deux satellites doivent être opérationnels
en 1990 afin de permettre le positionnement d'un véhicule avec une
précision de l'ordre de dix mètres.
En fait, l'aventure se terminera mal; un échec du satellite «hôte»
de la charge utile Geostar entraînera un processus commercial et
financier irréversible (les clients craignant une discontinuité
de service) dans une période de fort investissement.
Alcatel Espace qui, par prudence, a limité son investissement
initial dans la société à 1 million de dollars n'a
plus qu'à passer cette participation par pertes et profits courant
1991.
Le projet Locstar
Dès 1970 le CNES a acquis une solide expertise dans les systèmes
de localisation et de collecte de données par satellite (Eole,
Argos, Sarsat-Cospas). C'est sur cette base qu'il a envisagé
la mise en place d'un système de repérage des mobiles et
de messagerie par satellite en association avec Geostar, qui doit comprendre:
- un segment spatial de deux charges utiles, embarqué sur des
satellites «hôtes»;
- un segment sol (stations terriennes, centre de traitement et de distribution
des messages, réseau de balises fixes);
- un segment utilisateur (terminaux et bases de rattachement de ces
terminaux).
Le service de radiorepérage doit permettre la radiolocalisation
et la radionavigation à dix mètres près.
Une société anonyme dénommée Locstar sera
créée en octobre 1988 avec un capital initial de 100 MF et
de 400 MF dans une seconde phase (dont 100 MF d'apports en nature
du CNES et de Geostar), dans lequel ATES entrera prudemment à concurrence
de 5 MF.
En fait, les difficultés rencontrées par Geostar vont
se répercuter très vite sur Locstar; la crainte des clients
potentiels de procéder à des investissements significatifs
sans garanties suffisantes de pérennité du système
entraîne des difficultés insurmontables à assurer un
«tour de table» d'investisseurs suffisant. Le Président
d'Allest démissionnera en juillet 1990 et la société
sera définitivement liquidée le 18 mars 1993. |