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Association Amicale des Anciens d'Alcatel Space
CHRONIQUES D'UN MÉTIER de 1963 à 1993
Table | Préf | Intro | 1 | 2 | 3 | 4 | 5 | 6 | 7 | 8 | 9

6 - Les programmes de satellites

6.2 - Les satellites de télécommunication

Intelsat VII

Intelsat VII

Le programme


Au début de la décennie quatre-vingt-dix, la septième génération de satellites d'Intelsat devient la série la plus puissante de la flotte de cette organisation. Les satellites présentent en particulier la nouveauté de pouvoir reconfigurer en temps réel leur zone de couverture pour tenir compte du profil du trafic et de l'évolution des besoins du marché. Par rapport à ceux des générations précédentes ils permettent de fonctionner avec des stations terriennes de plus petites dimensions, de maintenir leurs performances en orbite inclinée et d'avoir un accès sécurisé en télécommande.

Deux versions successives seront réalisées : Intelsat VII et Intelsat VIIA, les différences portant sur une augmentation du nombre de canaux et des puissances d'émission en bande Ku.

En 1988, la société américaine Ford Aerospace, chef de file d'un groupe d'industriels international et qui deviendra plus tard Space Systems Loral (SS/L), est sélectionnée par Intelsat pour fournir un premier lot de cinq satellites (701 à 705) de la série Intelsat VII. En cours de contrat et à la suite d'un nouvel appel d'offres, deux exemplaires (706 et 707) du type Intelsat VIIA seront commandés en 1990, suivis d'un troisième (708) en 1992. Enfin, un sixième exemplaire (709) de la série Intelsat VII sera commandé en 1993.

Dans la version Intelsat VII, la charge utile comprend :

- 26 canaux en bande C équipés d'amplificateurs de sortie à l'état solide dont les puissances s'échelonnent entre 10 et 30 watts ;

- 10 canaux en bande Ku équipés de TOP dont les puissances vont de 35 à 50 watts.
 
 

Dans la version Intelsat VIIA, le nombre de canaux en bande Ku passe de 10 à 14 et leur puissance est plus élevée, allant de 49 à 73 watts. 

Le groupe d'industriels constitué par SS/L s'appuie principalement sur un pôle européen mené par Alcatel Espace et un pôle japonais comprenant Mitsubishi Electric Company (MELCO) et Nippon Electric Company (NEC). Les contrats passés à ces industriels sont établis dans un esprit de fabrication et d'intégration «sur plans», ce qui signifie qu'en plus de l'ingénierie et des plans d'intégration d'ensemble le maître d'oeuvre SS/L se charge de rédiger les spécifications détaillées de tous les matériels, ainsi que les plans d'intégration des différents sous-systèmes qu'il sous-traite.
 

Les enjeux


L'obtention du contrat représente pour Alcatel Espace, et pour les autres sociétés européennes, un enjeu industriel considérable.

Il faut, pour Alcatel Espace :

- montrer son outil industriel, que les Américains sont loin de soupçonner ;

- démontrer sa capacité à participer à la fabrication en série de satellites ;

- démontrer son aptitude à faire plus que de la simple fabrication ;

- se mesurer au marché international sur le plan de la tenue des coûts, des délais de livraison et de la qualité de la fabrication ;

- prouver qu'elle est un partenaire majeur.
 
 

En contrepartie il faut, pour le maître d'oeuvre SS/L : 

- apprendre à conduire, à grande distance, des sous-traitances de pans importants d'activité ;

- apprendre à déléguer une partie de son autorité sur ces activités ;

- apprendre qu'il lui est possible de sous-traiter les travaux de conception et d'ingénierie d'ensembles homogènes.
 

Les travaux à ATES


Dans le cadre du contrat, quatre types de tâches sont confiés à ATES :

- tâches d'ingénierie système ;

- tâches de suivi d'équipements ;

- tâches de fabrication d'équipements ;

- tâches d'intégration et d'essais des répéteurs.
 
 

Les travaux d'ingénierie système consistent en une participation, dans les locaux du maître d'oeuvre, à Palo Alto, et sous sa responsabilité directe, à des tâches d'ingénierie concernant les répéteurs de la charge utile. Ces tâches se traduisent donc par des détachements de personnel aux États-Unis, ce qui est en fait une location de «matière grise». Elles portent sur la conception des répéteurs, la préparation de l'intégration des satellites et son suivi pour les six premiers, ainsi que le suivi de l'assurance produit.

Les tâches de suivi d'équipements se traduisent par l'établissement des sous-contrats, le suivi du développement et de la réalisation des équipements des répéteurs chez les industriels européens et japonais, ainsi que des équipements fabriqués par ATES. Étalées sur quatre ans, elles portent sur plus de deux mille cinq cents équipements représentant une dizaine de familles. Elles sont remplies par un groupe de projet qui assume également la responsabilité de la gestion de l'ensemble du contrat d'ATES vis-à-vis du maître d'oeuvre et du client final. Les chefs de projet successifs sont Gilles Lévêque, Jacky Teissèdre et Jean-Louis Lacaze.

Pour les équipements réalisés à ATES, essentiellement des récepteurs et des convertisseurs de fréquences, les tâches sont les études, le développement, la fabrication et les essais. À cette occasion, une plate-forme spécifique de fabrication et d'essais est mise en place afin d'effectuer les travaux en série. Une centaine d'unités sont livrées chaque année pendant quatre ans.

Les tâches d'intégration consistent dans l'assemblage, l'intégration et les mesures des performances des répéteurs de la charge utile. Cette activité inclut, en phase de préparation, l'étude et la réalisation des moyens électriques (bancs de tests) et mécaniques (chariots, conteneurs, etc.) nécessaires à son exécution. Les travaux «amont» d'aménagement des équipements sur la structure du satellite (dossier d'assemblage) sont exécutés par le bureau d'étude du maître d'oeuvre.

L'ensemble des répéteurs est placé sur des panneaux radiatifs, c'est-à-dire sur les panneaux nord et sud de la structure du satellite. Chaque panneau a une surface d'environ huit mètres carrés, les équipements y étant installés sur plusieurs niveaux.

Un processus particulier d'intégration est développé à cette occasion. Par exemple, un atelier spécifique de fabrication des câbles coaxiaux est développé, permettant une production sur mesure de plus de cinq mille câbles en trois ans.

Les moyens en matériel et en personnel mis en place sont ajustés de manière à obtenir une cadence d'intégration d'un satellite par quadrimestre, soit un panneau tous les deux mois avec une durée moyenne de sept mois pour l'intégration et les essais d'un seul panneau. Le nombre d'équipements et de pièces manipulés dépasse dix mille pour les dix-huit panneaux.

Les lancements des différents satellites de la série Intelsat VII ont lieu aux dates suivantes :
 

Intelsat 701 Ariane 44LP 20-10-1993 Succès 180° est
Intelsat 702 Ariane 44LP 17-06-1994 Succès 177° est
Intelsat 703 Atlas IIAS 06-10-1994 Succès 57° est
Intelsat 704 Atlas IIAS 10-01-1995 Succès 66° est
Intelsat 705 Atlas IIAS 22-03-1995 Succès 18° ouest
Intelsat 706 Ariane 44LP 17-05-1995 Succès 53° ouest
Intelsat 707 Ariane 44P 14-03-1996 Succès 1° ouest
Intelsat 708 Long March 3B 14-02-1996 Echec NA
Intelsat 709 Ariane 44P 15-06-1996 Succès 50° ouest

Le programme Intelsat VII a permis à Alcatel Espace non seulement d'asseoir sa réputation internationale dans les domaines qui viennent d'être passés en revue, mais en plus d'élargir ses capacités de maîtrise d'oeuvre.

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