6 - Les programmes de satellites
6.4 - Les programmes militaires
L'origine
du programme Cerise réside dans une initiative prise par
Alcatel Espace de proposer à la DME (Direction des Missiles et de
l'Espace), organisme faisant partie de la DGA (Délégation
Générale à l'Armement), l'étude et la réalisation
d'un système destiné à mesurer et à caractériser
l'environnement radioélectrique dans une large bande de fréquences
au moyen d'un satellite en orbite basse. Déjà, en 1970, Thomson-CSF
avait proposé à la DTEN (Direction Technique des Engins)
un projet analogue baptisé Satrape, lequel n'avait pas été
poursuivi au-delà d'une préétude.
Les études préliminaires sont conduites dans la seconde
moitié de la décennie quatre-vingt avant que le client n'accepte
de traiter de gré à gré avec Alcatel Espace en tant
que maître d'oeuvre pour la fourniture du système complet,
satellite et station terrienne d'exploitation, ainsi que pour la mise en
exploitation de ce système.
Initialement, l'instrument devait être embarqué comme «passager»
à bord du satellite SPOT 4.
Les études de phases O et A, conduites en 1987-1988, amènent
à reconsidérer cette position et à faire effectuer
la mission par un microsatellite en orbite basse d'une masse inférieure
à 50 kilos et pouvant être lancé comme passager d'un
vol d'Ariane.
L'objectif essentiel est le faible coût de l'expérience,
malgré les contraintes techniques (capacité de stockage et
de transmission des informations, faible consommation électrique
des équipements, souplesse d'exploitation).
Sur la recommandation de certains clients qui l'utilisent dans d'autres
programmes, il est décidé de faire appel, pour la conception
et la réalisation de la plate-forme, à une unité de
réalisations techniques de l'université du Surrey (SSTL)
en Grande-Bretagne.
La réalisation de l'instrument de bord, dérivé
en partie d'un instrument similaire aéroporté mais qui doit
être adapté aux contraintes spatiales, est partagée
entre Alcatel Espace, maître d'oeuvre, chargé de l'unité
de traitement, et Thomson-CSF, sous-traitant pour l'unité de réception
et les antennes.
La station terrienne est sous-traitée à SSTL. La phase
B du programme commence en 1989 pour se terminer en juin 1990. Une prolongation
de quatre mois est jugée nécessaire et notifiée en
janvier 1991 pour un complément d'étude d'adaptation à
la mission de la plate-forme développée par SSTL.
Après un début de phase de réalisation baptisée
C1, de novembre 1991 à février 1992, la phase C/D est conduite
de février 1992 à février 1995 sous la direction de
Pierre de Château Thierry, chef de projet.
Elle
est l'occasion, pour Alcatel Espace, de confirmer ses compétences
dans la maîtrise d'oeuvre d'un système complet. Le partenariat
avec SSTL constitue une expérience originale. Un industriel ne parle
pas vraiment la même langue qu'un laboratoire d'université
britannique. Le parcours effectué montrera que chacun a beaucoup
apporté à l'autre.
Après la mise en orbite, effectuée le 7 juillet 1995 par
le lanceur Ariane qui emporte également Helios, le
système Cerise fonctionne à la totale satisfaction
du client qui avoue «avoir appris beaucoup avec Cerise»
mais les résultats sont classifiés !
Le 24 juillet 1996, Cerise entre apparemment en collision avec
un débris que l'enquête révélera appartenir
au troisième étage de la fusée Ariane qui avait
lancé SPOT 1. Alcatel Espace participera activement, avec
SSTL, à la remise du satellite dans un état permettant de
reprendre son exploitation. |